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7 avril 2015 2 07 /04 /avril /2015 17:14

En novembre 2013 la Commission européenne a publié son projet de directive relative au secret des affaires. Ce projet, dont l’examen au Parlement européen débute en mai prochain, menace les droits fondamentaux et fait primer les profits des multinationales sur les intérêts sociaux, environnementaux et démocratiques.

Le but affiché de la directive est la production d’une définition commune du secret des affaires pour assurer que la compétitivité des activités européennes et des organismes de recherche, - basée sur le savoir-faire et sur des informations non révélées - soit correctement protégée

Cette directive est dangereuse à plusieurs titres.

*D’abord, la définition du secret des affaires est large et floue et concerne toutes les informations confidentielles.

*Ensuite, l’infraction au secret des affaires aurait lieu dès lors que ces informations seraient obtenues, quelque soit la diffusion qui en serait faite et quel que soit l’objectif de cette diffusion.

*Alors que les enjeux de cette directive sur les droits individuels et collectifs des salariés sont considérables, elle ne relève pas du dialogue social européen. Par conséquent, ni les organisations syndicales, ni les ONG n’ont été formellement consultées sur la question. Eurocadres, de nombreuses organisations syndicales nationales et ONG ont pourtant, depuis le début de la procédure, émis de nombreuses réserves qui n’ont pas été entendues, notamment sur la mobilité des travailleurs, la fragilisation des représentants du personnel, des lanceurs d’alerte et de la liberté de la presse.

- Dans la vie quotidienne, cette directive peut limiter la mobilité des salariés en leur imposant des clauses de non concurrence les empêchant d’utiliser leurs savoir-faire auprès de leur nouvel employeur.

- De même, pour ce qui concerne l’exercice des droits syndicaux des représentants des travailleurs, l'acquisition et la révélation de « secrets d’affaires » ne sont pas exclus du champ de l’acquisition illégale.

Choix stratégiques, projets de cession ou de reprise, PSE, délocalisation, activité dans les filiales et sous-traitance, utilisation des aides publiques…, nombreux sont les élus et syndicalistes courageux qui communiquent aux salariés voire à la presse ces informations pour contrer les pratiques abusives des actionnaires. Avec ce projet de directive, lanceurs d’alerte, syndicalistes et journalistes travaillant au service de l’intérêt général risquent désormais d’être poursuivis par la justice.

Le droit à la liberté d'expression et d’information pourrait être sérieusement affecté.

*Aucune exception générale n’est prévue dans le texte pour protéger l’action des journalistes d’investigation, des organisations de la société civile ou encore des lanceurs d’alerte, alors que leur travail est indispensable dans une démocratie moderne digne de ce nom.

*Aucune exception non plus sur les droits fondamentaux, en particulier en matière de santé et d’environnement. Les fameuses « données à caractère commercial » qui seraient protégées par le secret des affaires, et dont la divulgation serait passible de sanctions pénales, relèvent très souvent de l’intérêt général supérieur pour le public. Ce fut le cas, par exemple, pour les montages fiscaux et financiers négociés entre plusieurs grands groupes et l’administration fiscale du Luxembourg (cf. scandale Luxleaks), ou pour les données d’intérêt général relatives à la santé publique, obtenues notamment lors des essais cliniques organisés par les laboratoires pharmaceutiques (des données qui auraient pu véritablement sauver des vies). C’est également le cas pour toute une série de données liées à la protection de l’environnement et à la santé des consommateurs dans le secteur de l’industrie chimique et qui seraient dans leur globalité considérées comme secrètes, et soustraites ainsi à toute transparence.

*Enfin, la directive européenne prévoit en cas de procédure devant les juridictions civiles ou pénales une restriction de l’accès au dossier ou aux audiences, avant, pendant ou après l’action en justice pour protéger le secret des affaires.

Il s’agit d’une grave remise en cause de l’égalité devant la loi - l’ensemble des parties n’ayant plus accès au dossier - et de la liberté d’informer. D’ailleurs la publicité des débats judiciaires est protégée par la Constitution de nombreux Etats membres de l’Union européenne. Le gouvernement français, après avoir essayé d’anticiper l’adoption de la directive, a été contraint de reculer face à la mobilisation et de reconnaître que le secret des affaires menaçait la liberté d’expression dans et en-dehors de l’entreprise. Pourquoi ce qui est vrai en France ne le serait pas à l’échelle européenne ?

Nous faisons appel aux députés et gouvernements européens pour qu’ils revoient leur copie.

On pourrait considérer comme nécessaire et légitime de protéger les opérateurs économiques face à la concurrence déloyale, certainement pas de soustraire une telle masse d'informations de toute forme de débat public et du champ de la transparence.

Nous refusons la criminalisation du travail des lanceurs d’alerte, des syndicalistes et des journalistes.

Stoppons les menaces contre la transparence et la démocratie contenues dans cette directive européenne Secret des affaires !

Signataires de l'Appel:

Europe/International : Ignacio Fernandez Toxo, Président de la Confédération européenne des syndicats (CES) Martin Jefflen, président d’Eurocadres Sarah Harrisson, directrice de Courage Fondation Julian Assange, rédacteur en chef de Wikileaks Dominique Guibert, Président de l'Association Européenne des Droits de l’Homme (AEDH) Gualtiero Michelini, président de Magistrats Européen pour la Démocratie et les Libertés (MEDEL) Jerome Chaplier, Coordinateur de European Coalition for Corporate Justice (ECCJ) David Azoulay, directeur du programme santé et environnement de The Center for International Environmen­tal Law (CIEL) Jesse Griffiths, directeur de European Network on Debt and Development (Eurodad) Jerome Chaplier, Coordinateur de European Coalition for Corporate Justice (ECCJ)

France : Marie José Kotlicki et Sophie Binet, secrétaires générales de la CGT des Ingénieurs, Cadres et Techniciens (UGICT-CGT) Stéphanie Gibaud, secrétaire générale de la Plateforme Internationale des Lanceurs d’Alerte (PILA) Carole Couvert, secrétaire générale de la Confédération Générale des Cadres (CGC) Pierre Tartakowsky, président de la Ligue des Droits de l’Homme Jean Paul Bouchet, secrétaire général de la CFDT Cadres Vincent Brossel, directeur de Peuples Solidaires Françoise Martres, présidente du Syndicat de la Magistrature Daniel Lebègue, président de Transparency International France Florian Borg, Président du Syndicat des Avocats de France Eric Peres, secrétaire général de FO Cadres Luc Bérille, Secrétaire général de l’Unsa Joël Decaillon, Ex Secrétaire général adjoint de la Confédération européenne des syndicats (CES), Vice-Président de Lasaire Jean-Pierre Therry, Secrétaire général de la CFTC-Cadres Séverine Tessier, Présidente d’Anticor Maite Errecart, présidente du Collectif Ethique sur l'Etiquette Florent Compain, président des Amis de la Terre France Michel Capron, président du Forum citoyen pour la RSE Didier Prince-Agbodjan, président de Terre des Hommes France Bertrand Bocquet, président de la Fondation Sciences Citoyennes Thomas Coutrot, porte-parole d’ATTAC France Jim Boumelha, President de la Fédération Internationale des Journalistes (IFJ) Ricardo Gutiérrez, Secrétaire général de la Fédération Européenne des Journalistes Lucie Watrinet, coordinatrice de la Plateforme Paradis Fiscaux et Judiciaires Vincent Brossel, directeur de Peuples Solidaires Bernard Pinaud, délégué général du CCFD-Terre Solidaire Benjamin Sonntag, cofondateur de La Quadrature du Net William Bourdon, président de Sherpa Cécile Gondard-Lalanne et Eric Beynel, co-délégué-es généraux de l’Union syndicale Solidaires. Emmanuel Vire, secrétaire général du Syndicat National des Journalistes CGT (SNJ-CGT) Collectif « Informer n’est pas un délit » Collectif des « Economistes Atterrés » Antoine Deltour, lanceur d’alerte, affaire LuxLeaks Jean Louis Marolleau, secrétaire exécutif du réseau Foi et Justice Afrique Europe Michel Capron, président du Forum citoyen pour la RSE

Allemagne Markus Henn, policy officer financial markets, WEED (World Economy, Ecology & DevelopmentAndy Mueller-Maguhn, membre du bureau, Wau Holland Stiftung Christian Horchert, Chaos Computer Club (CCC)

Belgique : Arnaud Zacharie, secrétaire général du CNCD-11.11.11 Anne Demelenne, Membre du Comité Economique et Social Européen (C.E.S.E.), ex Secrétaire générale de la Fédération générale du travail de Belgique (FGTB)Francois Gobbe, coordinateur de Kairos Europe

Espagne : Ignacio Fernandez Toxo, Secrétaire général des CCOOCándido Méndez, secrétaire général de l’Union Générale des Travailleurs (UGT, Espagne)

Grande-Bretagne : Eileen Chubb, Cofondateur de The Whistler Michelle Stanistreet, Secrétaire général de National Union of Journalists Gavin MacFadyen, Directeur du Centre for Investigative Journalism Noel Hodson, directeur de Tax Reconciliation Linda Kaucher, coordinatrice de TTIP

Italie : Fausto Durante, Responsable du secrétariat Europe de la Confédération générale italienne du travail (CGIL)

Pays-Bas : Walter van Holst, Vrijschrift Leon Willems, Directeur de Free Press Unlimited Pologne : Katarzyna Szymielewicz, Président,The Panoptykon Foundation

Portugal : Fernandez Mauricio, responsable du département international de la Confédération générale des travailleurs portugais (CGTP)

~~ Bruxelles, le 7 avril 2015

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4 juillet 2013 4 04 /07 /juillet /2013 18:25

 Communiqué du Président de l'Université de La Rochelle

[...]

Vous trouverez en pièce jointe le protocole d'accord établi mardi 2 juillet 2013 à l'issue d'une rencontre entre Michel Goldberg et moi-même, en présence de Madame la Médiatrice académique. Il traduit, dans l'affaire de la pièce de théâtre controversée, une volonté d'apaisement partagée.
Lors d'une réunion qui s'est tenue ensuite en présence des partenaires de l'atelier théâtre et d'associations de lutte contre les discriminations, les participants ont pu prendre acte du résultat de cette médiation et projeter pour la rentrée le déroulement d'actions de nature pédagogique en faveur de la lutte contre toutes les formes de discrimination. Il a été en particulier retenu l'idée de les articuler autour de la commémoration du 65ème anniversaire de la déclaration universelle des droits de l'homme du 10 décembre 1948.

[...]
Gérard Blanchard
Président de l'Université de La Rochelle

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PROTOCOLE D’ACCORD

Etabli entre Gérard Blanchard et Michel Goldberg le mardi 2 juillet 2013

Pièce de théâtre controversée : apaisement à l’Université de la Rochelle

Gérard Blanchard, président de l’Université de la Rochelle et Michel Goldberg, enseignant

dans la même université ont participé mardi 2 juillet à une médiation de façon à retrouver la

sérénité nécessaire au bon fonctionnement de l’établissement.

Ils sont convenus de condamner toute injure et insulte, d’où qu’elles viennent, quels qu’en

soient les motifs et quels qu’en soient les destinataires.

 

Ils souhaitent que l’Université demeure un lieu de création où s’exerce la liberté des acteurs qui y sont engagés. Cette liberté s’accompagne de la plus grande responsabilisation nécessaire au respect de tous.

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27 juin 2013 4 27 /06 /juin /2013 21:03

ADRIAS vous propose une rencontre avec  Aboubacrine AG MOHA, Touareg de Tombouctou
                   
                                                               le jeudi 4 juillet à 18 h 30  
                                                   
                                                Salle de l'Arsenal, Place de l'Arsenal à La Rochelle

Notre ami Abou, accueilli à Bruxelles en ce moment, fera un détour par La Rochelle et nous vous proposons  de le rencontrer lors d’une petite soirée organisée en l’honneur de sa venue..

Depuis le début de la guerre au Mali, Abou et une partie de sa famille sont réfugiés au Burkina. Nous aurons donc la possibilité de l’interroger, notamment,  sur les conditions de vie des exilés maliens et leur avenir.

Par ailleurs, bien que depuis longtemps dans le tourisme malien, dans la hiérarchie de la communauté touareg, Abou est forgeron. De génération en génération, les forgerons, maitres du feu, travaillent notamment les métaux : armes, objets usuels et surtout bijoux en argent. Abou, nous présentera ses créations et peut-être même une démonstration de cet art qui fait la réputation de ce peuple nomade.

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14 juin 2013 5 14 /06 /juin /2013 15:38

Daniel Mesguich, Directeur du Conservatoire national supérieur d'art dramatique, vient de transmettre une lettre ouverte au Président de l'Université de La Rochelle. Un homme de responsabilité, du monde du theâtre. Une réflexion acide, sinon lucide. Une pièce de plus au dossier des polémiques autour de la pièce de théâtre estudiantine à l'Université de La Rochelle. Une analyse qui dit prendre en compte toutes les dimensions du jeu théâtral, mais qui s'appuie sur le seul texte de la pièce.

Le mot est lâché: "interdiction"!

Et le mot est laché: "Directeur (du Conservatoire national supérieur d’art dramatique), je l’aurais, je ne crains pas de le dire, tout simplement interdite, puisque ne pouvant être présentée qu’es-qualité, et engageant mon établissement".

*N'est-ce pas en contradiction avec les termes du "Manifeste pour la liberté de création"?

   Lettre ouverte des responsables du théâtre "Toujours à l'Horizon"

 Et voir après la lettre de M. Mesguich, les positions des membres de l'Observatoire de la liberté de création, transmise aux candidats à la dernière  présidentielle et qui conserve sa plein actualité!

*N'est-ce pas une condamnation implicite des étudiants qui ont contribué à écrire cette pièce et à la jouer, en laissant supposer qu'ils pourraient des étudiants pas clairs, à défaut d'être des neo-nazis. Il est vrai qu'il ne les connaît pas, ne les à pas rencontrés, ni lus, ni eux, ni les responsables du Théâtre "Toujours à l'horizon". Voici l'expression des responsables du Théâtre "Toujours à l'horizon":

    Lettre ouverte des responsables du théâtre "Toujours à l'Horizon"

  Interessant, percutant, mais ... convaincant ? Ou donneur de leçons professorales, voire directoriales, du haut d'un statut professionnel de belle qualité? En tout état de cause, la pièce ne sera pas rejouée à La Rochelle, ainsi en ont décidé les étudiants. La proposition finale de M. Mesquich, dans la veine d'une (auto-)censure, n'est donc pas à l'ordre du jour et ne le serait pas, de toute manière.

    Ne serait-il pas temps de se tourner, ensemble, vers un combat commun, un travail éducatif contre le racisme, l'antisémitisme et l'extrême-droite, ce qu'a proposé notre Section LDH et qu'a accepté le Président de l'Université.

    Nous publions la letttre de M. Daniel Mesguich, pour contribuer à l'information et à la réflexion de nos lecteurs et l'analyse critiqe d'Alfred Knapp, universitaire de La Rochelle.

    Nous rappelons la position de la section rochelaise de la LDH: Une lettre de la section LDH à M. le Président de l'Université de La Rochelle, qui se prononce pour le débat citoyen et contre toute censure.

H.M.

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Lettre de M. Daniel Mesguich,

Monsieur le Président,

S’il est certain qu’une pièce de théâtre consiste essentiellement en le spectacle qu’elle présente, non en son seul texte, qui n’en est qu’une partie que, précisément, le travail scénique éclaire, déploie, transforme, s’il est certain que l’humour est, ou devrait être, le dernier mot d’un tel spectacle, et que ne pas lui faire assez confiance, c’est courir le risque de sembler en manquer soi-même (mais je ne crois pas, quant à moi, en être trop dépourvu, ni non plus, je crois, trop ignorer les lois du théâtre en général), je vous dis aujourd’hui, ayant lu Le Rôle de vos enfants dans la reprise économique mondiale, que les étudiants ont présentée à La Rochelle, que je considère cette pièce, comme dégageant – quoique je veuille bien penser pourtant que c’est à l’insu de la plupart de ceux qui l’ont mise en scène et jouée – des relents bien nauséabonds. 

Les Juifs, certes, ne sont pas l’objet principal de ce texte. Ils ne sont ici attaqués et moqués qu’en passant. Mais voilà : c’est précisément cela, l’antisémitisme d’aujourd’hui en France : nous ne sommes plus en 1930, et voudrait-on écrire une pièce résolument antisémite que l’on ne ferait pas, de nos jours, autre chose : un texte pour faire rire, et où les juifs sont, tout naturellement, des banquiers véreux et dangereux, ou encore des chasseurs de tête sans morale aucune et prêts à être achetés d’une liasse de billets.

Homme de théâtre (j’ai monté plus de deux cent spectacles) je n’aurais jamais, je vous le dis, monté une telle pièce. L’antisémitisme latent (puis, finalement, manifeste) n’en aurait pas été – bien que suffisante – la seule raison, d’ailleurs, mais passons. 

Professeur (au Conservatoire national supérieur d’art dramatique, à l’Ecole normale supérieure de Paris), je n’aurais jamais laissé passer cela, j’aurais discuté, analysé, expliqué, et, je l’espère, convaincu… Directeur (du Conservatoire national supérieur d’art dramatique), je l’aurais, je ne crains pas de le dire, tout simplement interdite, puisque ne pouvant être présentée qu’es-qualité, et engageant mon établissement. Comme j’aurais interdit une pièce qui dénoncerait le viol en montrant, que sais-je, que leur auteur en auraient été tout naturellement des Roms, ou des Arabes, et où les Roms ou les Arabes n’auraient été que cela. 

Car l’on trouve peut-être de par le monde des Juifs comme ce grand banquier immonde, pourquoi pas ? Mais on trouverait aussi de grands banquiers immondes protestants, anglicans, musulmans, etc. 

Eh bien, nous dit-on : il a fallu choisir, et ceux-là sont juifs. 

Ah ces juifs. Avec eux, on ne peut rien dire. Ils nous demandent même de cacher leurs noms, preuve que…etc. Preuve, surtout, qu’ils savent de quoi l’on parle, et qu’ils défendent des valeurs que l’Université de la Rochelle, me semble-t-il, devrait défendre. 

Comme toujours en cette histoire d’antisémitisme, tout est à l’envers : dans la pièce, des juifs en viennent à s’attaquer à des enfants (des nouveau-nés), quand ce sont, dans la réalité, des milliers et des milliers d’enfants juifs qui sont morts assassinés 

Mais c’est de l’humour, nous dit-on. On ne veut que fustiger, par des stéréotypes, la finance sans pitié. Nous savons, pourtant, que l’auteur, Eric Noël, est un néo-nazi bien connu au Canada pour ses opinions, et qu’il s’est entouré d’une poignée de jeunes néo-nazis rochelais pour produire cette pièce…

Non, rassurez-vous cette dernière assertion était de l’humour. J’ai seulement voulu fustiger le néo-nazisme (nul ne peut, n’est-ce pas, nier qu’il existe de ci de là des étudiants néo-nazis)… 

La pièce s’en prendrait aux banquiers et, non, aux juifs. S’en prenant à un banquier juif, il s’en prendrait pourtant vraiment aux banquiers, mais faussement aux juifs ? A qui veut-on faire croire cela ? Ou encore : qui aurait intérêt à le croire ? Si des stéréotypes devaient être « dénoncés », il eut fallu créer un personnage d’antisémite comme il en a été fait du banquier, et non pas faire du banquier lui-même… un juif. 

A moins que les juifs soient plus néfastes et davantage à dénoncer que les antisémites, à vous, monsieur le Président, de vous déterminer. 

On se fait banquier, mais l’on nait juif. Attaquer les uns (encore que cela dépende de la manière, n’est-ce pas) est un combat, attaquer les autres est un racisme. Aucun concept a priori politiquement correct de « liberté d’expression » ne tient devant cette évidence.

Je crains d’ailleurs que les uns, les banquiers internationaux, se moquent éperdument qu’un spectacle d’étudiants à La Rochelle les caricature. Je crains qu’ils ne se remettent bien vite de telles attaques, qui ne changeront rien, hélas, au monde comme il va (j’ai moi-même joué dans Capital de Costa-Gavras, film qui « dénonce » les méthodes de la finance internationale – film coproduit… par des banques. Les banquiers coproducteurs trouvaient qu’on ne les ménageait pas, et ils en souriaient sympathiquement). Je crains, ainsi, qu’il n’en soit pas de même, hélas, pour les autres, les juifs, pour qui toute goutte d’eau au moulin du racisme peut, nous l’avons hélas vu fort récemment encore, être fatale. Je demande à vos étudiants de penser à cette différence fondamentale avant de s’amuser à cette précision de caricature. 

Le théâtre ne pardonne pas, tout y est symbole. Dès qu’on nomme ces banquiers Juifs, les juifs sont autant attaqués que les banquiers.

Maladresse ? Je l’ai d’abord cru. Mais voici qu’en cette pièce, les juifs reviennent, en les personnes de deux rabbins chasseurs de (vieux) nazis qui d’abord ne veulent pas « pardonner » (c’est a priori mal, n’est-ce pas, comme s’il s’agissait d’une quelconque rancune : nulle réflexion sur le pardon, l’oubli, etc.) puis veulent bien cependant, et serrent la main du nazi… contre de l’argent !

 C’est la goutte d’eau. Et voici les auteurs de la pièce dévoilés. Cette deuxième malhabileté n’est plus une malhabileté et fait douter que la première le fut. 

« Dénoncer les stéréotypes » disent les auteurs : des rabbins chasseurs de nazis qu’on achète avec des billets de banque ne sont pas un stéréotype (en connaissez-vous beaucoup, monsieur le Président ?). Mais l’antisémitisme larvé qui préside à l’invention de ce genre de personnages, oui, est un stéréotype. Je croyais qu’il fallait dénoncer les stéréotypes, et non les conforter…

Pour finir, si ce n’est pas là l’intention consciente de la majorité des étudiants entraînés dans cette affaire, si celle-ci est ailleurs, alors il ne couterait rien, n’est-ce pas, d’appeler, dorénavant, la banque « Dupont », et de couper purement et simplement l’infâme court passage des Rabbins véreux, n’est-ce pas ? Pourtant si cela devait demeurer dans les représentations à venir, ah, si cela demeurait, il faudrait en conclure que…

Monsieur le Président, la liberté d’expression a bon dos. 

L’humour a bon dos. 

J’ai même entendu parler à ce propos, ô mon dieu, de Shylock et Shakespeare, ou de Montesquieu !…. 

Président d’une université, il vous appartient de savoir lire ce genre de dérives. Je vous rappelle que l’appel à la haine « raciale », même sous la forme différée d’un dialogue « rigolo » (ou qui se veut tel) est un délit. 

En tant qu’homme de théâtre, et sans aucunement présumer des intentions du metteur en scène, dont je respecte a priori, le travail, je dis que ce texte est infâmant, et dangereux.

A vous de réagir, ou pas. 

Veuillez agréer, monsieur le Président, l’expression de mes salutations les meilleures. 

Paris, le 12 juin 2013 

Daniel Mesguich

Directeur du Conservatoire national supérieur d'art dramatique

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Les principes émis par les membres de l'Observatoire de la liberté de création et soumis aux candidats à la dernière présidentielle:

"Elus : vos engagements contre la censure "

Nous, membres de l’Observatoire de la liberté de création, demandons aux candidats et aux partis républicains de s’engager sur les principes suivants. 

*L’œuvre d'art, qu'elle travaille les mots, les sons ou les images, est toujours de l'ordre de la représentation. Elle impose donc par nature une distanciation qui permet de l'accueillir sans la confondre avec la réalité. 

*C'est pourquoi l'artiste est libre de déranger, de provoquer, voire de faire scandale. Et c'est pourquoi son œuvre jouit d'un statut exceptionnel, et ne saurait, sur le plan juridique, faire l'objet du même traitement que le discours qui argumente, qu'il soit scientifique, politique ou journalistique... 

*Il est essentiel pour une démocratie de protéger la liberté de l'artiste contre l'arbitraire de tous les pouvoirs, publics ou privés. Une œuvre est toujours susceptible d'interprétations diverses, et nul ne peut, au nom d'une seule, prétendre intervenir sur le contenu de l’œuvre, en exiger la modification, ou l'interdire. 

Nous vous demandons d’affirmer que le libre accès aux œuvres, au sens de l’article 27 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme est un droit fondamental pour le public, et que l’artiste doit pouvoir librement créer, diffuser et accompagner ses œuvres. L'information du public sur le contexte (historique, esthétique, politique…), le débat sur les œuvres, doivent remplacer toute forme d'interdiction, notamment fondée sur la morale ou la religion, ou toute forme de sanction. 

Nous vous demandons d’organiser avec les élus de votre parti des rencontres et des débats, en présence des artistes et des associations concernées, pour favoriser le débat républicain et éviter que des décisions de censure ne soient prises. 

Nous vous demandons de les inviter à respecter les principes suivants : 

Avant de parler d’une œuvre, la voir ou la lire dans son intégralité. Cela paraît simple, mais ce principe éviterait beaucoup de contresens. 

Préserver le sens de l’œuvre du jugement autoritaire, en rappelant que le fond ne va pas sans la forme, et que l’œuvre est par essence polysémique, donc susceptible d’interprétations multiples : aucune ne doit prévaloir sur toutes les autres, ni celle de l’auteur, ni celle du juge, ni celle du responsable politique ou religieux. 

‐ Distinguer, dans une œuvre qui utilise le discours, les propos des personnages, du narrateur, et les propos de l’auteur. 

Préserver un espace critique pour débattre des œuvres : organiser par exemple des débats, quand il y a une demande de censure locale, plutôt que d’y faire droit, et permettre à chacun de s’exprimer. Publier tel texte avec une préface plutôt que d’en interdire la circulation. 

Renforcer l’éducation artistique et l’action culturelle, à l’école et tout au long de la vie : l’art est un médium de débat et de citoyenneté, et chacun doit pouvoir en discuter à égalité.

Les signataires:

Adid, Association du cinéma indépendant pour sa diffusion

Aica-France, section française de l'Association internationale des critiques d'art

ARP, association d'auteurs-réalisateurs-producteurs

Cipac, Fédération des professionnels de l'art contemporain

LDH, Ligue des droits de 'Homme

Ligue de l'enseignement

SGDL, Société des gens de lettre

Snap-CGT, Syndicat national des artistes plasticiens

SRF, société des réalisateurs de films


Contact:

Observatoire de la liberté de création

Ligue des droits de l'Homme

13 Rue Marcadet 75018 Paris

01 56 55 51 07

 communication@ldh-france.org

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Analyse d'Alfred Knapp (Universitaire La Rochelle)

"Je remercie Henri Moulinier pour sa mise au point. Il me paraît en effet que Daniel  Mesguich a abusé, comme le font beaucoup d’autres, de son statut d’expert en arts dramatiques pour peser dans un débat citoyen dans lequel il n’est pas plus qualifié que n’importe quel(le) autre citoyen ou citoyenne de ce pays : celui de la liberté de l’expression artistique. J’y reviens.

Il faut lui concéder que ce n’est pas lui qui a commencé. C’est Michel Goldberg qui – avant de nous présenter la lettre de D. Mesguich – nous fait savoir que ce dernier est « directeur » du « Conservatoire National …. », qu’il « a mis en scène plus de 200 spectacles », qu’il a été « comédien dans d’innombrables pièces… » et qu’il est « auteur d’ouvrages sur le théâtre ». Ensuite, Michel nous invite à nous promener sur la page Wikipedia de l’artiste.

Ce n’est qu’après ces préliminaires que nous avons droit à savoir ce que Daniel Mesguich a à nous dire.

 Cette manière de procéder me surprend, surtout de la part de quelqu’un qui s’est spécialisé depuis plusieurs années sur l’analyse des stratégies d’argumentation – en particulier des stratégies manipulatrices. Une des techniques de manipulation les plus utilisées – Michel Goldberg n’est certainement pas sans le savoir – est celle de l’abus des titres académiques (ou autres) dans le débat  sur des questions de société.

Dans un débat sur une question précise, organisé par une revue scientifique, il paraîtrait curieux – pour ne pas dire légèrement ridicule - de voir les protagonistes faire précéder leurs arguments d’une énumération de leurs titres académiques, le nombre de leurs articles et livres publiés et le renvoi sur la page Web de Wikipédia qui souligne leur notoriété. Ils publient leurs arguments et ajoute l’institution scientifique dans laquelle ils travaillent, c’est tout. C’est le procédé usuel.

Pourquoi donc – avant toute prise de parole - annoncer aux lecteurs et lectrices que la personne qui nous parle est célèbre pour ces nombreuses contributions d’expert ? Quelle est la fonction de cette stratégie d’argumentation ? Attend-on à ce que le lecteur mette son cerveau en état de veille, impressionné par le fait que c’est un TRES GRAND qui lui parle ? Cet abus des « titres d’expertise » me paraît illégitime même si le débat portait effectivement sur le sujet de l’art dramatique. Ce n’est pourtant pas le cas ici.

Quelle est la question centrale ?

Il s’agit de savoir s’il y a une justification pour restreindre la liberté d’expression artistique parce qu’une partie du public considère, sur la base de son interprétation, qu’une œuvre donne lieu à des dérives dangereuses, des « relents nauséabonds » comme le dit Daniel Mesguich, des « atteintes aux sacré », diront les intégristes religieux de tous bords.

Quand, en 2011, les intégristes catholiques ont violemment protesté contre la pièce de théâtre « Sur le concept du visage du fils de Dieu » de Romeo Castelluci, où l'on voit un vieillard incontinent et un fils affrontant la déchéance de son père sous l'image d'un gigantesque Christ, ils l’ont fait – du moins certains parmi eux – sur la base d’un sentiment sincère de blessure. D’autres, comme le maire de Rennes ou encore le Père Nicolas Guillou, n’ont pas eu la même interprétation et parlaient « d’erreur de perspective » de la part des manifestants. Malheureusement, cette pièce a été pris pour prétexte pour mobiliser des centaines de personnes qui n’avaient ni vu ni lu l’œuvre : "Il ne faut pas qu'il y ait une seule représentation sans qu'il y ait des catholiques devant le théâtre pour faire œuvre de réparation. Il s'agit d'une profanation à partir du moment où le visage du Christ est souillé", avait déclaré Alain Escada, secrétaire général de Civitas. Le Père Guillou, qui, lui, été présent à la représentation avait trouvé que le Christ y était "très présent" et qu'il y était avant tout question d'une "humanité qui se pose des questions sur la base de Dieu". (Le Monde.fr, 11.11.2011).

Deux interprétations diamétralement opposées de la part de personnes appartenant à la même famille de croyances religieuses. Il me paraît normal et sain que ces opinions soient exprimées et débattues publiquement. Ce qui ne me paraît pas sain, c’est le fait de mobiliser des centaines de personnes totalement extérieures à ce qui s’est réellement passé sur scène, uniquement sur la base de leur appartenance à la religion catholique. C’est exactement ce qui est passé avec la pièce des étudiants à l’Université de La Rochelle.

Daniel Mesguich, dont la lettre se démarque agréablement des invectives et injures qu’on a pu lire dans certains échanges sur notre forum, souligne « qu’une pièce de théâtre consiste essentiellement en le spectacle qu’elle présente, non en son seul texte, qui n’en est qu’une partie que, précisément, le travail scénique éclaire, déploie, transforme ». Mais par la suite, il s’appuie exclusivement sur le texte écrit pour arriver à la conclusion qu’il s’agit d’une pièce antisémite, en arguant que, en tant que metteur en scène expérimenté, qu’il « ne (croit) pas être trop dépourvu, ni non plus, je crois, trop ignorer les lois du théâtre en général ». Je ne mets pas en doute son art et ses grandes connaissances « des lois du théâtre en général ». Mais ici, il s’agit d’un cas concret. Les étudiants et leurs encadrants affirment qu’ils ont mis en œuvre  suffisamment d’éléments (gestuelles, exagérations grotesques, loufoquerie…) pour permettre d’autres interprétations que celles d’une « incitation à la haine raciale ».  Ils se trompent peut-être. Daniel Mesguich n’aurait « jamais monté cette pièce », dit-il, non seulement en raison de « son antisémitisme manifeste ». Après avoir parlé avec plusieurs personnes qui ont effectivement vu la pièce ainsi qu’avec des personnes directement impliquées dans son écriture, je peux affirmer que rien ne justifie le procès d’intention qui est fait à cette pièce et aux personnes qui l’ont réalisée. Je vous invite à lire à ce propos les contributions publiées sur le site des étudiants auteurs et comédiens. (https://sites.google.com/site/soutientheatreetudiant/home)

Dans mes discussions avec quelques étudiants comédiens/auteurs – je voulais quand même être sûr de ne pas être induit en erreur par des crypto-nazis – il m’est apparu que ce sont de jeunes gens totalement dépourvus de visées antisémites ou de volonté "d'appeler à la haine raciale ». Je connais le travail de la metteure en scène, Claudie Landy, depuis plusieurs années et je l’apprécie – en accord avec un grand nombre de personnes de notre ville - pour justement son engagement contre toute forme de racisme. A moins que Claudie mente depuis des décennies et que les étudiants soient de parfaits simulateurs, je ne vois pas de raison de douter de leur sincérité. Alors, ils ont pu commettre une grave erreur d’appréciation : ils ont peut-être mal agencé tel ou tel passage prêtant ainsi – involontairement, comme le concède aussi Danièl Mesguich- à un malentendu douloureux. A la première discussion avec M. Goldberg, les étudiants, abasourdis et choqués par le reproche d’antisémitisme qu’on leur faisait, ils n’ont pas voulu ou pas pu voir les failles possibles de leur pièce. A la deuxième discussion, c’était trop tard. La machinerie de condamnation par envois massifs de mails à un grand nombre de personnes, à des représentants des autorités, à la présidence de l’université était lancée. Et sur cette initiative s’est greffé une manipulation indigeste d’un très,très petit nombre de personnes dont j’ai du mal à comprendre les motivations, tellement le niveau d’irrationalisme et de haine dogmatique est impressionnant : voulaient-ils utiliser cette affaire pour taper – à bon marché  - sur le président de l'ULR? ont-ils ils quelque chose à gagner quelque part ailleurs, n’ayant aucun rapport avec l’université ? Nous aurions peut-être pu éviter tout ça en organisant dès le début un débat public entre les étudiants, les auteurs, la metteure en scène et le public (et au-delà). C’est ce que j’ai proposé à Michel Goldberg quand il m’a téléphoné pour me demander de le soutenir dans sa demande au président de condamner la pièce (v. ma première contribution sur ce forum). Il n'a pas voulu ce débat, son jugement était fait, la seule issue, pour lui, était la condamnation de la pièce par le président de l'université.

Les étudiants et le (très) jeune auteur québécois qui les accompagnait ont probablement commis des erreurs de maladresse, peut-être graves. Ils ont peut-être commis l’erreur de « se braquer » lors de la première confrontation avec Michel Goldberg, défendant bec et ongles leur conception de « second degré ». Mais la plus grande erreur des étudiants a été de sous-estimer la malhonnetêté de ceux qui prétendent vouloir discuter avec les eux tout en mobilisant un réseau efficace pour la faire «condamner » et la volonté d’instrumentalisation de cette pièce par d’autres à je ne sais quelles fins. 

Qu’il y ait donc  eu des imperfections dans le texte ou la mise en scène, même graves, comme le semble insinuer Daniel Mesguich, je peux le concevoir et je fais confiance au jugement du professionnel qu’il est. Mais là où il franchit « la ligne rouge » selon les mots d’Henri Moulinier, c’est quand il dit qu’en tant que « directeur », il aurait « interdit la pièce » et que le président de l’université de La Rochelle aurait dû en faire autant.

Nous sommes ici sur un terrain où même le plus grand metteur en scène du monde n’est pas plus qualifié que n’importe quel autre citoyen pour mener sa réflexion. Est-il justifié de restreindre la liberté d’expression, et à fortiori la liberté d’expression artistique, pour éviter au public (et les auteurs) d’être victimes de graves blessures ou erreurs, morales ou intellectuelles ? Daniel Mesguich semble répondre par l’affirmative sans fournir un seul argument, sinon celui de son statut de directeur et d’expert en art dramatique. Pour ma part, je suis en total désaccord avec cette position. Comme l’ont souligné les philosophes des Lumières, c’est justement pour permettre au grand public de « penser par lui-même » et d’être « majeurs dans l’exercice de leur faculté de jugement » qu’il faut permettre aux idées de circuler le plus librement que possible, qu’elles soient justes ou fausses, bonnes, mauvaises ou même exécrables. L’histoire des sciences nous fournit un exemple édifiant : ce n’est qu’à partir du moment que les sciences se sont libérées du carcan des autorités religieuses qu’elles ont pu faire les progrès fulgurants de ces derniers siècles. Cela n’a pas empêché les erreurs, loin s’en faut, mais la libre circulation de ces « erreurs » a permis à la communauté scientifique (et au public éclairé) de détecter plus vite les failles dans les raisonnements ou les expériences - et à les corriger.

Dans le domaine des problèmes de société, les choses ne sont pas différentes – ou ne devraient pas l’être. Le débat sur la peine de mort ne gagnerait rien si on interdisait aux gens de s’exprimer pour ou contre ce châtiment. Et ce ne sont pas les titres académiques qui devraient jouer un rôle dans ce débat. Si Robert Badinter a réussi a convaincre, ce n’est pas – je l’espère – parce qu’il est un brillant avocat ayant plaidé de manière magistrale des centaines de cas, mais parce que ses arguments pour l'abolition de la peine capitale avaient une grande cohérence intellectuelle et qu’ils témoignaient au moins d’une aussi grande valeur et rigueur morale. Que vaudrait ma conviction si elle était surtout basée sur mon respect devant l’expertise juridique de « l’éminent avocat Badinter » devenu ministre? Pas grand’chose. Il suffirait qu’arrive sur scène un avocat encore plus célèbre, encore plus adulé par ses pairs et le grand public, argumentant en faveur de la peine de mort pour me faire basculer dans le camp des partisans de M. Le Pen, du moins au sujet du retour de la guillotine.

Malheureusement, dans le domaine des approches politiques et culturelles du monde dans lequel nous vivons, la libre circulation  des idées est sérieusement entravée un peut partout dans le monde. Dans les régimes totalitaires comme l’URSS ou sous le nazisme, c’était l’interdiction tout court, la liquidation physique et/ou le traitement psychiatrique des « déviants ». Dans les sociétés démocratiques, c’est la concentration gigantesque de la propriété des média qui fait que certaines idées inondent jour pour jour le grand public tandis que d’autres approches, alternatives et parfois d'un très grand intérêt pour la société, se trouvent totalement marginalisées – par le simple jeu de quelques « filtres » économiques et institutionnels. L’appel à l’interdiction et au traitement par les tribunaux, de l’expression d’opinions jugées « dangereuses » ou « inacceptables » est heureusement totalement banni des sciences plus avancées. Il joue malheureusement un rôle non négligeable dans le débat politique, historique et artistique.

Cependant, un autre facteur n’est pas négligeable – et il est grand temps de s’en débarrasser, d’autant plus que la tâche est facile - il suffit de simplement laisser tomber une pratique à laquelle le monde intellectuel participe trop activement : c’est cet abus dont je parle, du statut « d’expert », de « scientifique », de « personnalité publique » dans les débats de société – que ce soit la liberté d’expression, la peine de mort, le principe de précaution en matière d’environnement et j’en passe. En essayant d’impressionner les gens par le poids de nos « titres » et nos accréditations institutionnelles, académiques et médiatiques, nous ne faisons rien d’autre que de les empêcher ou du moins freiner dans le libre exercice de leur faculté de réfléchir et de juger.

Si Daniel Mesguich apostrophe Gérard Blanchard en lui indiquant que « l’appel à la haine raciale », même sous la forme différée d’un dialogue « rigolo » (ou qui se veut tel) est un délit », il lui reste une chose à faire : qu’il porte plainte pour que la justice se prononce. Mais nous revoilà à la question centrale : en quoi un juge est-il plus qualifié que M.Blanchard, M.Goldberg ou n’importe quel membre de notre communauté de statuer sur les « propos d’un protagoniste dans un pièce de théâtre » qui ne sont jamais à identifier à priori avec les opinions de l’auteur ?  Dans le traitement de la polémique autour de la pièce de théâtre des étudiants, le président de l’Université de La Rochelle, Gérard Blanchard, a agi – à mon avis - dans la meilleure tradition du libéralisme politique, jugeant que ce n’est pas le rôle des autorités administratives de notre établissement d’intervenir dans le contenu d’une création artistique. L’ULR a été injustement accusée d’être un lieu où « l’antisémitisme a de nouveau pignon sur rue ». Je pense que nous devrons nous défendre collectivement et publiquement si la manipulation du public par la diffusion de versions extrêmement atrophiées de la pièce, par des menaces et injures par mail, les envois de colis remplis d’excréments (à la metteure en scène et peut-être bientôt à d’autres) continuent d’empoisonner la vie de plus en plus de personnes de notre communauté universitaire (et bien au-delà). 

Alfred Knapp - Maître de conférences 

 Directeur du CIEL

Centre Inter-Pôles de l'Enseignement des Langues
tel.: (0033) (0)5 46 50 72 28
courriel: aknapp@univ-lr.fr

 

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4 juin 2013 2 04 /06 /juin /2013 15:18

      Le débat autour de la pièce de théâtre écrite avec des étudiants de l'Université de La Rochelle et jouée par eux continue de faire l'objet de points de vue différents, qui peuvent être très opposés. La Section LDH a publié un texte d'analyse et de proposition qui est sur ce site, et la réponse du Président de l'Université:  Une lettre de la section LDH à M. le Président de l'Université de La Rochelle

      Nous vous proposons de trouver ci-dessous le point de vue de l'équipe dirigeante du Théâtre "Toujours à l'horizon", la référence au Manifeste de l'Observatoire de la liberté de création (co-signé en 2003 par la LDH nationale) et le lien avec le site créé par Michel Goldberg, Maître de Conférences à l'Université de La Rochelle,qui dénonce le "caractère antisémite" du texte de la pièce.

     Manière de donner à voir les différentes positions. La Section LDH de La Rochelle-Aunis souhaite, par delà cette polémique, que le débat citoyen ait lieu sur les question du récisme, de la montée des idées d'extrême-droite, autour d'initiatives culturelles favorisant le débat citoyen, proposition reprise par. le Président de l'Université de La Rochelle.

Henri Moulinier

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Lettre ouverte des responsables du Théâtre "Toujours à l'horizon":

Nous avons décidé d’écrire une lettre ouverte contre la censure et pour la liberté d’expression. 

Le théâtre « Toujours à l’Horizon », qui s’est implanté dans le port de La Pallice dans le but d’articuler la découverte de textes modernes et contemporains avec un travail de mémoire du quartier, a toujours eu la résistance et la défense de valeurs humanistes et collectives pour mots d’ordre. Pour preuve les textes portés par l’équipe artistique professionnelle et amateur : Kafka, Duras, Durif, Koltès, O’Casey, Behan, Tchékov, Keen etc. Des œuvres exigeantes suscitant le questionnement de certaines orientations sociales et politiques de nos sociétés occidentales.

La pièce écrite par 6 étudiants, sous la conduite d’Eric Noël, auteur Québécois en résidence au Centre Intermondes, est le fruit d’un atelier libre d’expression. Cette pièce intitulée « Une pièce sur le rôle de vos enfants dans la reprise économique mondiale » a fait l’objet de 5 représentations au théâtre Toujours à l'Horizon du 3 au 7 avril 2013. Un premier débat avec les auteurs a été organisé à l’issue d’une représentation, comme nous le faisons chaque année. 

Le but de cette pièce n’était en aucun cas de choquer ou de blesser une communauté, qu’elle soit américaine, italienne, juive, chinoise, allemande ou québécoise. Certes, de nombreux clichés et allusions moqueuses à ces communautés sont présentes dans le texte, et nous concevons que ce type d’ « humour qui dénonce », comme le dit un des personnages de la pièce p.89, puisse être dérangeant pour certaines personnes.

 Mais dans ce texte, écrit par des apprentis-écrivains, des précautions ont été prises pour que les spectateurs comprennent bien qu’il s’agissait de deuxième degré et de nombreux décrochages sont présents, c’est-à-dire que les personnages jouent avec les codes du théâtre, « sortent » de la pièce et se mettent en rapport direct avec le public, comme pour nous avertir et nous dire : « Regardez ce qui se passe là ».

Desproges disait « on peut rire de tout mais pas avec n’importe qui ». On ne peut pas forcer les gens à apprécier certains types d’humour, mais on ne peut pas les forcer non plus à les condamner. Il faut comprendre cette génération biberonnée à l’humour sarcastique, décalé, voire provocateur et déconcertant pour certains, de Canal+, et ne voir dans leurs moqueries qu’une façon de contrer le désespoir que le monde d’aujourd’hui peut leur renvoyer. On reproche parfois à la jeune génération de ne pas être engagée, mais leur texte dénonce le monde financier devenu totalement fou et cynique, la corruption des puissants, et défend un monde où la valeur est l’humain et non le capital.

Il est faux de dire que rien n’a été fait. Depuis les quelques réactions hostiles qu’ont provoqué ce texte chez un spectateur sur environ 450, et quelques lecteurs, qui n’ont souvent lu que les passages soulignés en rouge et les explications de texte fournis par le principal détracteur, deux réunions ont eu lieu pour engager un dialogue constructif et pédagogique.

La première a eu lieu le 3 mai à l’initiative du Président de l’Université de La Rochelle avec toutes les parties concernées, puis une autre le 15 mai au théâtre « Toujours à l’Horizon » pour soutenir les divers partenaires (théâtre, centre intermondes et université), et en particulier les étudiants très choqués par la violence des propos à leur encontre. Le 15, tous ont pu dialoguer avec des personnes issues de diverses communautés, y compris juives, et divers milieux professionnels (principalement artistes et enseignants). 

Enfin, nous tenons à préciser que la pièce est écrite, jouée et mise en scène dans un processus de distanciation. De nombreux auteurs, metteurs en scène, comédiens utilisent la distanciation depuis Bertolt Brecht. Cette distanciation nous place dans un sens critique et déjoue les pièges d’une psychologie au premier degré.

Encore une fois, il ne faut pas confondre les propos des personnages et le sens de la pièce.

Faut-il condamner Bruno Ganz et Charlie Chaplin d’avoir interprété Hitler ?

Faut-il condamner Molière de nous avoir montré un Don Juan qui défit la Terre entière ?

« Il est essentiel pour une démocratie de protéger la liberté de l’artiste contre l’arbitraire de tous les pouvoirs, publics ou privés. Une œuvre est toujours susceptible d’interprétations diverses, et nul ne peut, au nom d’une seule, prétendre intervenir sur le contenu de l’œuvre, en demander la modification, ou l’interdire » .

Extrait du manifeste de l’Observatoire de la liberté de création publié en mars 2003 dans Les Inrockuptibles, La Quinzaine Littéraire et Politis (voir les signataires sur le site http://www.ldh-france.org/-Le-Manifeste-.html)

Le bureau de l’association du théâtre « Toujours à l’Horizon »

Claudie Landy, Metteure en scène du théâtre Toujours à l'Horizon

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Site créé par Michel Golberg, Maître de Conférence à l'Université de La Rochelle,

qui a mis en cause le caractère antisémite de la pièce de théâtre:

https://sites.google.com/site/atelierecriturelarochelle/


Et un article de Mariane du 6 juin 2013

Antisémitisme sur scène à La Rochelle

 

   Guy Konopnicki

 

Capture d'écran de la page Théåtre et écriture de plateau du site de l'Université de la Rochelle « Hitler a déshonoré l’antisémitisme », écrivait Georges Bernanos après avoir rompu avec l’engagement maurrassien de sa jeunesse, pour s’opposer radicalement au fascisme. 

Or dans la très honorable Université de la Rochelle, des étudiants, encadrés par un honorable enseignant et par un atelier théâtre non moins honorable, ont écrit et joué une pièce dont l’objet était de décrire et de combattre la mondialisation.  Projet honorable, décidément… 

Sans doute par un fâcheux hasard, la mondialisation s’incarne en une entreprise familiale, l’entreprise Goldberg, toute puissante et sans scrupule. L’argent mondialisé, c’est naturellement le juif. Ce premier stéréotype ne suffisant pas, la multinationale Goldberg and Co décide d’investir sur l’avenir, en spéculant sur les enfants mis au monde. 

Le juif, porteur de la souillure de l’argent, pousse l’esprit de lucre jusqu’à s’emparer du symbole même de l’innocence, l’enfant à naître. La plus ancienne des superstitions antisémites trouve ici une version moderne. Car cette spéculation sur l’enfant n’est rien d’autre que la résurgence du crime rituel. 

Dans l’Allemagne du Moyen-Age et dans les tréfonds de l’Ukraine des paysans illettrés et gorgés de vodka, on imaginait le juif immolant des enfants innocents. A l’Université de la Rochelle, au XXIe siècle, ce même juif investit sur les enfants nouveau-nés, pour les endetter à vie, transformer les génération à venir en biens hypothéqués à son profit. 

Sur scène, l’entreprise Goldberg est incarnée par une mégère, laide, cupide, autoritaire et sale. Marta Goldberg domine le monde, elle vocifère, commande, calcule, insulte et condamne. Et de s’écrier : « Je suis partout chez moi ! » 

C’est connu, les juifs sont partout, s’insinuent et pourrissent le monde pour mieux le dominer. On croirait relire le Céline des pamphlets s’il y avait le moindre soupçon de talent chez les auteurs de ce texte, pour tout dire aussi affligeant par la platitude du style que par l’immonde bêtise du propos. 

Comme il ne suffisait pas de cette entreprise Goldberg et de son immonde patronne, apparaissent sur scène deux personnages grimés en juifs religieux. Dieudonné n’est pas très loin… Ces deux « rabbins », sont nommés Cohen 1 et Cohen 2, ils sont chasseurs de nazis. 

Bien sûr, on leur demande, en appelant le gros rire du public, s’il est bien raisonnable de poursuivre encore les nazis et d’être obsédés par une si vieille histoire… Mais ce n’est pas tout. Les voici accusés de vivre du « shoah bisness », terme utilisé sur tous les sites antisémites et négationnistes et amplifié jusqu’à l’obscénité par Dieudonné. 

Ces Cohen 1 et 2 poursuivent un ancien nazi, doublé d’un mauvais cuistot planqué dans un restaurant. Un personnage leur demande de cesser de harceler ce vieillard. Les Cohen  refusent… jusqu’au moment où il se voit proposer une grosse liasse de billets.

Effet comique garanti, quand la main du juif, corrompue par l’argent, serre celle du nazi, pardonné au comptant. C’est au moins aussi drôle qu’un calembour de Le Pen sur les fours crématoires. 

Pour une bonne liasse de billets un juif peut tout pardonner, même le nazisme. Le texte, déjà sidérant de bêtise, atteint les sommets de l’abjection antisémite.

Pourtant lorsqu’un enseignant alerte le président de l’Université de La Rochelle, tout le monde semble surpris de sa réaction. Les étudiants ont été aidé, pour l’écriture, par un enseignant canadien, Eric Noël et pour la mise en scène par l’Atelier théâtre de Claudie Landy, qui jusque-là, nous avait habitués à mieux. 

Ce serait du second degré ! La lecture de la pièce dément cette interprétation. Autant prétendre que l’on peut jouer « au second degré », les Protocoles des Sages de Sion ! 

L’enseignant inquiet, Michel Goldberg, maître de conférence à l’Université de la Rochelle serait donc liberticide… Ne peut-on, innocemment, plaisanter sur le juif ? 

Le pire, c’est que les étudiants sont peut-être de bonne foi. Ils ont aligné, sans les comprendre, les pires stéréotypes antisémites. Leur méconnaissance de l’histoire, leur ignorance crasse du judaïsme, réduit à des clichés insanes, témoigne surtout du désastre scolaire et universitaire. 

On comprend que le président de l’Université de La Rochelle cherche à minimiser l’incident, en affirmant que le caractère antisémite de la pièce n’était pas certain… Michel Goldberg, de son côté, n’intervient pas en censeur. Il entend alerter la communauté universitaire sur la gravité de cette dérive. L’antisémitisme s’est exprimé avec une telle évidence qu’on ne le voit même plus.

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www.ldh-france.org
Tous les êtres humains naissent et demeurent libres et égaux en droits.

 

Le manifeste de l’Observatoire de la liberté de création

Un personnage de roman ou de film est fictif : il n’existe pas, autrement que dans l’oeuvre. S’il tient des propos racistes, ou s’il raconte sa vie de pédophile, ces propos n’ont ni le même sens ni la même portée que s’ils étaient tenus par un citoyen s’exprimant dans l’espace public.

D’une part, ils n’expriment pas nécessairement l’opinion de l’auteur, et il serait absurde de condamner pénalement des propos qui n’existent que sur le papier : cela reviendrait à assimiler l’auteur à son personnage, à le confondre avec son oeuvre. Or représenter, évoquer, n’est pas approuver.

D’autre part, le spectateur ou le lecteur peut mettre à distance ces propos.

L’oeuvre d’art, qu’elle travaille les mots, les sons ou les images, est toujours de l’ordre de la représentation. Elle impose donc par nature une distanciation qui permet de l’accueillir sans la confondre avec la réalité.

C’est pourquoi l’artiste est libre de déranger, de provoquer, voire de faire scandale. Et c’est pourquoi son oeuvre jouit d’un statut exceptionnel, et ne saurait, sur le plan juridique, faire l’objet du même traitement que le discours qui argumente, qu’il soit scientifique, politique ou journalistique...

Cela ne signifie pas que l’artiste n’est pas responsable. Il doit pouvoir rendre compte au public, mais toujours dans le cadre de la critique de ses oeuvres, et certainement pas devant la police ou les tribunaux.

Il est essentiel pour une démocratie de protéger la liberté de l’artiste contre l’arbitraire de tous les pouvoirs, publics ou privés. Une oeuvre est toujours susceptible d’interprétations diverses, et nul ne peut, au nom d’une seule, prétendre intervenir sur le contenu de l’oeuvre, en demander la modification, ou l’interdire.

L’histoire a toujours jugé avec sévérité ces censures et ces condamnations qui furent, au fil des temps, l’expression d’un arbitraire lié à une conception momentanée de l’ordre public, de l’ordre moral, voire de l’ordre esthétique.

Nous affirmons que le libre accès aux oeuvres est un droit fondamental à la fois pour l’artiste et pour le public. Il revient aux médiateurs que sont notamment les éditeurs, les directeurs de publication, les commissaires d’exposition, les producteurs, les diffuseurs, les critiques de prendre leurs responsabilités à la fois vis à vis des auteurs et vis-à-vis du public : l’information du public sur le contexte (historique, esthétique, politique), et sur l’impact du contenu de l’oeuvre, quand il pose problème, doit remplacer toute forme d’interdiction, ou toute forme de sanction à raison du contenu de l’oeuvre.

Et il est également essentiel de défendre la liberté de la création et de la diffusion contre les phénomènes d’entrave économique telles les menaces d’abus de position dominante, d’uniformisation des contenus et d’absence de visibilité des oeuvres que font peser les mouvements de concentration.

La Ligue des droits de l’Homme, avec des personnalités et des associations, a créé un observatoire de la liberté d’expression en matière de création pour débattre et intervenir sur ces questions.

Elle demande aux pouvoirs publics l’abrogation : de l’article 14 de la loi de 1881 , de l’article 14 de la loi de 1949 , et l’exclusion expresse des oeuvres du champ d’application des articles 24 de la loi de 1881 , et 227-23 et 227-24 du code pénal, toutes dispositions permettant aujourd’hui soit une mesure d’interdiction par le ministère de l’intérieur, soit une sanction pénale des oeuvres à raison de leur contenu.

Elle invite tous ceux qui défendent la liberté de créer, lecteurs, auditeurs, spectateurs aussi bien que les artistes, écrivains, cinéastes, musiciens, éditeurs, critiques, galeries, producteurs, institutions, syndicats, etc... à participer à cet observatoire.

Déclarent participer et adhérer à ce manifeste :

Chantal Ackerman, cinéaste ; Pierre Alferi, écrivain ; Philippe Arnould, réalisateur ; Ariane Ascaride, comédienne ; Lucien Attoun, critique dramatique ; Patricia Bardon, cinéaste, membre de la commission de classification des films ; Benjamin Barouh, éditeur ; Arnaud Baumann, photographe ; Guy Bedos, humoriste ; Jean-Jacques Beineix, cinéaste ; Hervé Bérard, cinéaste, membre de la commission de classification des films ; Sylvie Blocher, artiste plasticienne ; Marc Caro, cinéaste ; Julien Cendres, écrivain ; Ines Champey, critique d’art ; Jean-Paul Curnier, écrivain ; François Daune, architecte urbaniste ; Luc Decaster, cinéaste ; Régine Deforges, écrivain ; Olivier Ducastel, cinéaste ; Aude Du Pasquier Grall, artiste ; Pascale Ferran, cinéaste ; Yves Frémion, écrivain, conseiller régional ; Jean Ferrat, chanteur ; Gloria Friedman, artiste ; Philippe Garrel, cinéaste ; Fernand Garcia, producteur, membre de la commission de classification des films ; Jacob Gautel, artiste ; Olivier Grasser, responsable de l’art contemporain à la maison de la culture d’Amiens ; Robert Guédiguian, cinéaste ; Jacques Henric, écrivain ; Thomas Hirschhorn, artiste ; Michel Host, écrivain ; Paula Jacques, écrivain, éditeur ; Frédéric-Yves Jeannet, écrivain ; Francis Jeanson, écrivain ; Nicolas Jones-Gorlin, écrivain ; Bernard Joubert, journaliste ; Serge Koster, écrivain ; Jean-Marie Laclavetine, écrivain, éditeur ; Alain Lance, directeur de la Maison des Écrivains ; Caroline Lamarche, romancière ; Lysianne Léchot Hirt, responsable des activités culturelles de l’Université de Genève ; Bertrand Leclair, écrivain ; Philippe Mangeot, enseignant ; Eric Mangion, FRAC PACA ; Farouk Mardam-Bey, éditeur ; Jacques Martineau, cinéaste ; Claire Merleau-Ponty, scénographe ; Annette Messager, artiste ; Yves Michaud, professeur des universités ; Catherine Millet, écrivain ; Florence Montreynaud, écrivaine ; Gaël Morel, acteur, réalisateur, scénariste ; Edgar Morin, chercheur ; Maurice Nadeau, éditeur ; Yves Nilly, écrivain ; Dominique Noguez, écrivain ; Paul Otchakovsky-Laurens, éditeur ; Aline Pailler, journaliste ; Pierre Paulin, créateur ; Benoit Peeters, écrivain, scénariste ; Gilles Perrault, écrivain ; Jean-Hugues Piettre, centre de ressource du centre national des arts plastiques ; Olivier Poivre d’Arvor, écrivain, directeur de l’AFAA ; Nicolas Rey, écrivain, journaliste ; Anne Rochette, sculpteur, enseignante ; Willy Ronis, photographe ; Philippe Rouyer, critique de cinéma ; Marc Sanchez, directeur artistique du Palais de Tokyo ; Elias Sanbar, écrivain ; Jean-Louis Sarthou , écrivain ; Léon Schwartzenberg, médecin, professeur, écrivain ; Antoine Spire, écrivain ; Raphael Sorin, éditeur ; Lionel Soukaz, cinéaste ; Eric Tandy, critique musical ; Jean-Pierre Thorn, cinéaste.

Associations/Revues/Syndicats :

AACE ; Artconnexion, agence de production et de médiation en art contemporain ; Association des Bibliothèques de France (ABF) ; Association de Développement et de Recherche sur les Artothèques (ADRA) ; Association des Conservateurs et du Personnel Scientifique des Musées de la Ville de Paris ; Association des Conservateurs d’Art Contemporain (CAC 40) ; Association Internationale des Critiques d’Art (AICA), section française ; Association Française des Régisseurs d’Oeuvres d’Art (AFROA) ; Association Nationale des Conseillers aux Arts Plastiques (ANCAP) ; Association Nationale des Directeurs de Centres d’Art (DCA) ; Association Nationale des Directeurs d’Ecoles d’Art (ANDEA) ; Association Nationale des Directeurs de FRAC (ANDF) ; Association Nationale des Personnes en Charge des Relations des Publics à l’Art Contemporain (Un moment voulu) ; Association Places Publiques ; Bureau d’Art et de Recherche de Roubaix ; Cassandre (revue) ; Chambre Syndicale de l’Estampe, du Dessin et de Tableau (CSEDT) ; Collectif Culture ; Collectif GIGA ; Comité des Artistes Auteurs Plasticiens (CAAP) ; Comité Professionnel des Galeries d’Art (CGA) ; Congrès Interprofessionnel de l’Art Contemporain (CIPAC) ; Coordination Nationale des Enseignants des Écoles d’Art (CNEEA) ; Dédale ; Fédération Française des Conservateurs Restaurateurs (FFCR) ; Fédération des Réseaux et Associations d’Artistes Plasticiens (FRAAP) ; Immanence ; Jeune Création ; Lac et S ; Le Génie de la Bastille ; Le pays où le Ciel est toujours bleu ; Ligue des droits de l’Homme (LDH) ; SEPA - Bon Accueil ; RDV – Murmures de Quartier ; Revue d’Etudes Palestiniennes ; Syndicat National des Artistes Plasticiens CGT (SNAP CGT) ; Vacarme (revue).

Signatures publiées en mars 2003 dans Les Inrockuptibles, la Quinzaine Littéraire et Politis.

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31 août 2011 3 31 /08 /août /2011 09:31
OUTRAGE AU DRAPEAU
Le décret validé sauf cas de création d'une œuvre de l'esprit
Prix Fnac Politiquement Incorrect 2010.
Statuant sur un recours en annulation du décret du 21 juillet 2010 pénalisant l’outrage au drapeau tricolore formulé par la Ligue des droits de l’homme (LDH), le Conseil d’État(1) a conclu à sa légalité, tout en limitant strictement les cas dans lesquels il pourrait être invoqué. Sous réserve que l'intention soit politique, artistique ou philosophique, l'infraction ne sera pas constituée.

Une photographie qui a défrayé la chronique l'an dernier pour avoir remporté le concours « Politiquement incorrect » organisé par la Fnac a été au centre d'une polémique qui a mobilisé les services du ministre de la justice de l’époque, Michèle Alliot-Marie, qui souhaitait réprimer ce qui ne pouvait l'être par les dispositions législatives en vigueur. L’article 433-5-1 du code pénal ne permet en effet de sanctionner l’outrage au drapeau que lorsqu'il est commis publiquement durant une manifestation organisée ou réglementée par les autorités publiques.

Pour réprimer la photographie outrageante, il a dès lors été institué par décret(2) codifié à l’article R 645-5-1 du code pénal qui sanctionne de l’amende prévue pour les contraventions de cinquième classe (150 euros, le double en cas de récidive) « le fait de détruire, détériorer ou utiliser de manière dégradante le drapeau tricolore, dans un lieu public ou ouvert au public ou de diffuser ou faire diffuser l’enregistrement d’images relatives à de tels faits, mêmes commis dans un lieu privé ».

La Ligue soutenait qu’une telle infraction puisse être mise en place par le pouvoir réglementaire puisque l’article 34 de la loi suprême attribue au législateur le soin de déterminer « les règles concernant : […] la détermination des crimes et délits ainsi que les peines qui leur sont applicables ». Mais, au cas particulier, relève la haute juridiction administrative, il ne s'agit ni de crime ni de délit mais d'une contravention qui« ressortit à la compétence du pouvoir réglementaire ».

Mais, considérant, à juste titre, que l'infraction litigieuse dont s'agit était susceptible de restreindre la liberté d'expression garantie par l'article 10 du Convention européenne des libertés fondamentales et des droits de l'homme (CEDH), le décret aurait pu être annulé sur ce fondement. Mais non, pas du tout, dit le Conseil d'État pour qui cette « circonstance […] ne saurait, par elle-même, avoir pour conséquence de réserver au pouvoir législatif la compétence pour édicter ces contraventions, dès lors qu’elles n’ont pas pour objet de réglementer l’exercice de cette liberté mais seulement d’y apporter les limitations nécessaires à la sauvegarde de l’ordre public ». 

Au surplus, les faits prévus et réprimés par l'article R. 645-15 du code pénal ne seront sanctionnés que dans la mesure où ils ne reposeraient pas, selon les magistrats du Palais-Royal, « sur la volonté de communiquer […] des idées politiques ou philosophiques ou feraient œuvre de création artistique, sauf à ce que ce mode d’expression ne puisse, sous le contrôle du juge pénal, être regardé come une œuvre de l’esprit ».
_________
(1) CE, 19 juill. 2011, n°343430, Ligue des Droits de l’Homme c/ ministère de la justice.
(2) Décret n° 2010-835 du 21 juillet 2010 relatif à l'incrimination de l'outrage au drapeau tricolore, J.O., n° 168, 23 juill., 2010 p. 13589, n° 15.

MLambert-Marianne-LDH
http://www.ldh14.com/spip.php?article69
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6 juillet 2011 3 06 /07 /juillet /2011 21:54

LUNDI 4 JUILLET 2011

La nausée… Article de la Dre Muriel Salmona , le 4 juillet 2011

http://memoiretraumatique.org/

LA NAUSÉE…

 

En entendant à nouveau un concert de propos sexistes et indécents… et la mise en cause de Nafissatou Diallo en France et aux Etats-Unis.

   

L'espace de quelques semaines, on a pu, j'ai pu y croire… un petit peu… passé le choc de la vague de propos sexistes et la déferlante des pires stéréotypes sur le viol, les femmes et la sexualité (cf le communiqué de l'association :http://stopauxviolences.blogspot.com/2011/05/communique-de-lassociation-memoire.html ), rassérénée par la levée de boucliers et la dénonciation des féministes en retour, j'ai pu croire qu'aux États-Unis les femmes se plaignant d'avoir subi un viol étaient plus protégées qu'en France et qu'elles avaient accès à une justice plus éclairée et à une présomption de véracité.

   

Mais las… En quelques jours tout s'écroule et j'assiste médusée à un scénario bien trop connu par toutes celles et ceux qui accompagnent les victimes de viol à longueur d'années : alors que Dominique Strauss Kahn, même s'il vient d'être libéré sur parole et s'il bénéficie de la présomption d'innocence, reste à ce jour toujours inculpé de crimes sexuels, la plaignante se retrouve elle, en position d'accusée, bien qu'elle maintienne son témoignage concernant le viol qu'elle dit avoir subi, son procès se met en place, et ce n'est pas la défense qui le fait (ce qui fait partie des droits de la défense si cela reste dans les limites de la décence et du respect de la dignité de la plaignante) mais le procureur, à charge et à charge… Avec les mêmes arguments entendus à longueur d'enquêtes de police et de procédures judiciaires mettant en cause la crédibilité de la plaignante, ses mensonges passés et présents même s'ils n'ont pas de rapport direct avec l'agression relatée, ses incohérences dans sa version des faits, ses comportements, sa "mauvaise vie", sa vénalité… et la plupart des médias et des commentateurs de relayer de façon indigne…

 

Ce scénario, avec le revirement soudain de la police et du procureur qui s'acharnent alors sur la plaignante, j'en ai maintes et maintes fois été témoin avec mes patientes victimes de viol que je suis en tant que psychiatre spécialisé en psychotraumatologie et en victimologie. Tout commence pas trop mal lors du dépôt de plainte et des premières auditions (avec malgré tout beaucoup de dysfonctionnements), le viol rapporté par la plaignante semble pris en compte par les enquêteurs, et soudain tout bascule sur un ou plusieurs détails, considérés comme des "mensonges" mettant en cause totalement sa crédibilité : la plaignante lors de la déposition a omis de dire qu'elle avait consommé du cannabis ou de la cocaïne ce qui apparait sur la prise de sang ; la plaignante a omis de révéler certains faits de son passé ; la plaignante n'avait pas fait part lors des auditions de certains échanges internet ou téléphonique avec celui qu'elle désigne comme son agresseur ; la plaignante a mal identifié le lieux du viol ou a décrit une chronologie des faits, un agencement des lieux, un trajet qui s'avèrent inexacts, incohérents ou pas assez précis ; la plaignante a oublié des pans entiers de son emploi du temps le jour de l'agression… Elle est alors maltraitée, accusée de mensonges et la procédure aboutit à un classement sans suite ou à un non-lieu…. Elle peut être accusée de dénonciation mensongère et être mise en garde à vue et malmenée comme cela vient d'arriver à une jeune patiente de 14 ans. Et si un procès à quand même lieu, le procureur général demande l'acquittement (comme cela s'est passé récemment lors d'un procès aux Assises obtenu en appel). Alors que je soutiens une patiente adolescente, une personne du parquet me dit : "vous savez votre patiente n'est pas celle que vous croyez…ce n'est pas une oie blanche…" Un responsable de la police me dit : "vous savez mes hommes je ne les tiens plus à partir du moment où ils pensent qu'on leur a menti, qu'on s'est moqué d'eux et qu'ils ont mis de ce fait un innocent en garde à vue ! "… alors que je lui décrit la garde à vue scandaleuse et violente d'une jeune adolescente de 14 ans victime d'un viol et accusée de dénonciation mensongère d'un crime imaginaire après un non-lieu pour absence des faits (cf exemples détaillés plus loin).

 

Faut-il rappeler que les violences sexuelles n'ont rien à voir avec un désir sexuel ni avec des pulsions sexuelles, ce sont des armes très efficaces pour détruire et dégrader l'autre, le soumettre et le réduire à l'état d'objet et d'esclave. Il s'agit avant tout de dominer et d'exercer sa toute puissance.

 

Faut-il rappeler que les violences sexuelles sont fréquentes, suivant les études et les pays elles toucheraient entre 20 et 30 % des personnes au cours de leur vie. En France 16% des femmes ont subis des viols ou des tentatives de viols dans leur vie, dont 59% avant 18 ans (Bajos N., Bozon M. et l’équipe CSF. Enquête Contexte de la sexualité en France (CSF) de 2006). Une étude canadienne ancienne (McLeod et associées, 1992, Réseau d’action des femmes handicapées du Canada (RAFH)) a montré que 40% des femmes ayant un handicap physique vivront au moins une agression sexuelle au cours de leur vie. De 39 à 68 % des femmes présentant une déficience intellectuelle seront victimes d’au moins une agression sexuelle avant l’âge de 18 ans.

 

Faut-il rappeler que toutes ces violences sexuelles sont le prototype du « crime parfait ». Dans l'immense majorité des cas, les agresseurs restent impunis, quels que soient les pays. En France seulement 10% des viols (12 000 sur 120 000) font l'objet d'une plainte, 3% font l'objet d'un jugement et 1% d'une condamnation (1 200 sur 120 000) (Rapport annuel 2009 de l'Observatoire National de la Délinquance (OND)La criminalité en France). La loi du silence règne particulièrement à l'intérieur des familles, du couple des institutions et des entreprises : c'est à la victime de ne pas faire de vagues, de ne pas « détruire » la famille, le couple, d'être loyale, compréhensive, d'être gentille, et puis ce n'est pas si grave, il y a bien pire ailleurs ! Un rapport européen récent démontre que de moins en moins de viols font l'objet de condamnations dans tous les pays d'Europe, sauf en Allemagne, alors que les dénonciations ont augmentées (Hagemann-White C et Bohn S Université d’Osnabrück, Etude analytique de la mise en oeuvre effective de la Recommandation Rec (2002)5 sur la protection des femmes contre la violence dans les Etats membres du Conseil de l’Europe). Que les fausses allégations de viol faisant l'objet de plaintes sont d'après les statistiques internationales très rares moins de 3% des plaintes (études McIntosh Julia A, 93 et Thoennes N., 92),et les fausses allégations d'inceste ne représentent que 3 à 7 dossiers sur 1000 d'après une enquête menée en 2001 par le Ministère de la justice française. (Enquête réalisée à la demande de la Direction des affaires Criminelles et des grâces dans les tribunaux de Nanterre, d'Evreux et de Paris). Pourtant les plaintes pour viols mensongères font partie des stéréotypes, dans les conversations , il y a toujours quelqu'un qui a entendu parler d'une affaire où la plaignante avait menti. "Les juges anglais prévenaient habituellement le jury qu’une femme qui affirme avoir été violée ment souvent et des recherches faites au Royaume-Uni dans les années 1990 ont montré qu’ils continuaient à donner cet avertissement même après qu’une réforme juridique eut tenté de mettre fin à cette coutume. Des lois spécifiques (comme en Allemagne ou en Irlande) ont dû être promulguées pour protéger les femmes de pratiques consistant à étaler en guise de « preuve » toute leur vie sexuelle personnelle au cours d’un procès pour viol, comme si le fait d’avoir eu d’autres rapports annulait en quelque sorte la souffrance d’un viol. Des femmes venues témoigner ont été tenues de se soumettre à un examen psychologique de crédibilité, qui n’est imposé à aucun autre témoin adulte d’un crime. De nombreuses victimes de viol se sont entendu dire au tribunal qu’elles n’avaient pas manifesté clairement leur refus, ce qui porte à croire qu’un homme aurait le droit de ne pas se soucier du consentement". (Hagemann-White C et Bohn S Université d’Osnabrück, Etude analytique de la mise en oeuvre effective de la Recommandation Rec (2002)5 sur la protection des femmes contre la violence dans les Etats membres du Conseil de l’Europe).

 

Violer est un pari plus que raisonnable, l'impunité est quasi garantie, porter plainte pour viol en espérant que l'agresseur soit condamné est en revanche un pari plus que déraisonnable, avec une procédure extrêmement éprouvante, aboutissant quand l'affaire n'est pas classée sans suite le plus souvent à un non-lieu, avec le risque d'être attaquée en retour pour dénonciation mensongère. Quand un procès a lieu malgré tout, il est souvent déqualifié en agression sexuelle, et si le procès se passe aux Assises, il est alors l'occasion d'un déballage indécent de l'intimité de la victime et de sa mise en cause systématique. Presque toutes mes patientes victimes de viol regrette d'avoir porté plainte, même si dans l'absolu elles restent convaincues de la nécessité que justice leur soit rendue, mais c'est tellement dur…

 

La plaignante se disant victime de viol doit être parfaite, pure, vierge, pas trop jeune ou trop handicapée (un enfant, une handicapée mentale, une malade mentale ça raconte n'importe quoi), pas trop âgée ou trop moche (ce n'est plus un objet à convoiter), pas trop pauvre (elle pourrait chercher des compensations financières), pas trop jolie (c'est pousse au crime), pas avec une vie trop "légère" (elle l'aurait cherché alors), pas étrangère et sans-papier, pas prostituée bien sûr (il s'agirait alors non d'un viol, mais d'un différent commercial, sic.), il ne faut pas aussi qu'elle connaisse trop bien l'agresseur, ni être sa femme ou sa compagne. Bien sous tout rapport, sinon sa parole n'aura aucun poids, sauf à avoir été tuée.

 

Il faut qu'elle soit idéale selon les canons d'une société bien imprégnée d'un sexisme qui énonce qu'une femme est par essence avant tout un objet sexuel consentant à priori, soumise par définition au désir des hommes. Si elle n'a pas su éviter ce désir, c'est qu'elle voulait certainement le susciter, à elle d'assumer alors, si elle dit qu'elle n'était pas consentante, elle ment pour se rendre intéressante ou pour nuire à l'homme, pour se venger ou pour lui soutirer de l'argent. Si les femmes ne veulent pas être des objets sexuels, elles n'ont qu'à s'auto-censurer que ce soit dans leur habillement, leur déplacements, leurs relations, leur choix de travail, leur façon d'être, leur langage, etc. Mais si elles s'auto-censurent efficacement, elles ne seront tout à fait des femmes, "elles ne seront plus bonnes à baiser" et n'intéresseront plus la plupart des hommes, elles pourront même ne plus être tout à fait des êtres humains qui comptent, elles deviendront transparentes, invisibles, c'est le prix à payer pour ne pas être violée…

 

Mesdames soyez sexy dès le plus jeune âge, soyez un objet sexuel désirable qui sera regardé, courtisé, séduit mais ne vous plaignez pas d'être harcelée, agressée sexuellement, violée (cf l'interview récente de Catherine Millet)… Ou alors auto-censurez-vous, disparaissez de l'arène de la séduction, mais ne vous plaignez pas de n'être plus regardée et de ne plus intéresser aucun homme… Renoncez au "grand amour" et au Prince Charmant. À vous de choisir ! Bon exemple d'injonction paradoxale et de choix impossible, il ne reste qu'à composer avec art entre ces deux possibilités et à apprendre à supporter un harcèlement de fond en étant toujours hyper vigilante pour éviter le pire. Et si le pire arrive, tant pis pour vous, vous n'avez pas fait assez attention ou vous avez pris des risques inconsidérés.

 

Que les femmes puissent vouloir être des êtres humains à part entière, respectés dans leurs droits et leur dignité, puissent aimer et être aimés et que le désir sexuel ne puisse pas être réduit à une consommation, ou une prédation, ni être maquillé pour cacher les pires violences, que les relations sexuelles nécessitent une confiance et un consentement réciproque, qu'en aucun cas on ne doit faire pression sur l'autre, ni user d'emprise, ni le tromper, ni le forcer, ni le payer pour obtenir un acte sexuel devraient être une évidence pour tous. Mais on est loin du compte…

 

Que les hommes puissent avoir envie d'une vraie rencontre, d'échanges en toute égalité, d'aimer une personne et non un objet ou une esclave, de vraies relations sexuelles librement consenties et désirées activement de part et d'autres, de tendresse, sans passer pour n'être pas vraiment un homme un vrai… Ils auraient tout à y gagner. Être un homme ne signifie pas être violent, dominant, prédateur…

 

Une expérience récente sur l'effet de la testostérone a été faite sur des femmes, elles ont été divisées en deux groupes, le premier groupe a reçu de la testostérone mais on leur a dit que c'était un placebo, et le deuxième a reçu un placebo mais on leur a dit que c'était de la testostérone, les femmes du premier groupe ont déclarées qu'elles se sentaient très peu agressive et effectivement lors de tests leur agressivité était très basse et elles faisaient preuve d'une grande empathie. Les femmes du deuxième groupe au contraire se sont senties plus agressives ce qui a été confirmé par les tests… Intéressant, non ?

 

Mais revenons au viol et aux enquêtes policières et aux procédures judiciaires. En plus d'être la personne parfaite avant le viol, la plaignante doit avoir eu lors du viol et après celui-ci un comportement exemplaire et elle doit pouvoir s'expliquer sur tous ses comportements et réactions. Une expertise psychiatrique est systématiquement demandée.

 

La bonne victime doit avoir un discours hyper cohérent, elle doit se rappeler exactement de tout et elle doit avoir réagi de façon idéale :

 

Pas question de ne pas avoir dit non clairement, de ne pas avoir crié, de ne pas s'être débattue, de ne pas avoir essayé de fuir. La sidération au moment du viol, processus psychique habituel qui paralyse la victime et qui est un reflet de la terreur ressentie, de l'impuissance et de l'incompréhension face aux violences, au lieu d'être considérée comme un élément de gravité et de preuve est le plus souvent reprochée à la victime. cf vidéo de France 5 à partir de mes travaux : 

 http://stopauxviolences.blogspot.com/2010/02/une-video-de-france-5-partir-de-mes.html


Pas question d'avoir été dissociée et anesthésiée émotionnellement, et d'avoir mis du temps à réaliser la réalité et la gravité de ce que l'on a vécu. Or cette dissociation péritraumatique qui s'accompagne de troubles de la conscience avec une sensation d'étrangeté et de dépersonnalisation et d'une anesthésie émotionnelle signe la mise en place de troubles psychotraumatiques importants. Cette anesthésie émotionnelle est lié à la mise en place d'un processus de sauvegarde neurobiologique lors de la situation traumatiquehttp://www.memoiretraumatique.org/psychotraumatismes/origine-et-mecanismes.html

 . La sidération psychique crée par les violences ne permet plus au cerveau de contrôler la réaction émotionnelle entraînant alors un état de stress extrême. Ce survoltage émotionnel entraîne des atteintes cardiologiques et neurologique et représente un risque vital, et comme dans un circuit électrique en survoltage qui risque de griller tous les appareils branchés, le circuit émotionnel va disjoncter en déclenchant un mécanisme de sauvegarde neurobiologique exceptionnel, cette disjonction produite par des neuromédiateurs morphine-like et kétamine-like éteint la réponse émotionnelle et entraîne une anesthésie émotionnelle et physique avec une dissociation (c'est à dire une altération de la conscience avec modification de la perception de soi, sensation d'irréalité, sensation d'être spectateur de la scène, modification corporelle, distorsion temporo-spatiale, comportement automatique) et la mise en place d'une mémoire traumatique (la mémoire émotionnelle reste piégée après la disjonction dans la structure cérébrale à l'origine de la réponse émotionnelle : l'amygdale cérébrale, elle ne sera pas traitée, ni encodée et restera en l'état hypersensible, incontrôlable faisant revivre à l'identique les évènements traumatiques avec la même détresse et les mêmes sensations lors de toute situation rappelant les violences). Cette dissociation et la mémoire traumatique vont être à l'origine de troubles psychotraumatiques chroniques graves et invalidants : avec un état de stress post traumatique très fréquent en cas de violences sexuelles et de viol (dans 80% des cas). Cette dissociation et cette anesthésie émotionnelle (incompréhensible pour la personne traumatisée) entraîne souvent des attitudes paradoxales et automatiques, malgré la situation traumatisante la victime peut paraître indifférente, se comporter apparemment normalement pendant un certain temps, dire que tout va bien, continuer à être en relation avec l'agresseur. Cet état de dissociation et d'anesthésie émotionnelle peut dure plusieurs jours voir plusieurs semaines ou mois et il est particulièrement décrit dans les études scientifiques internationales chez les victimes de viol. Cela peut parfaitement expliquer que la victime puisse ne pas prendre réellement conscience de la gravité de la gravité des faits puisqu'elle n'a pas les émotions qui s'y rapportent, les neurotransmetteurs responsables de la dissociation péri-traumatiques (morphine et kétamine-like) peuvent donner un sentiment d'indifférence, de déconnection, voire même la sensation d'aller bien paradoxalement, tout se passe comme si la personne traumatisée savait qu'il lui était arrivé quelque chose de grave mais que c'était comme si cela ne la concernait pas vraiment. De plus en cas de confrontation avec la personne à l'origine du traumatisme, le processus est encore plus réactivé du fait de la mémoire traumatique et la dissociation de sauvegarde augmente. La prise de conscience se fait ensuite de façon différée, d'autant plus rapidement qu'un soutien, une prise en charge et une protection se met en place. Dans un deuxième temps la victime peut alors s'effondrer émotionnellement. Là aussi cette dissociation et cette anesthésie émotionnelle péri-traumatique, preuve scientifique de l'importance du traumatisme sont le plus souvent très mal interprétées et considérées comme des éléments mettant en cause la parole de la victime. Si la victime n'a pas tout de suite parlé, cherché des secours ou porté plainte, si elle a pendant un moment minimisé les faits, si elle est restée avec l'agresseur ou si elle a continué à être un certain temps en contact avec lui, à répondre au téléphone, tout cela lui sera reproché.

 

Pas question d'avoir d'importants troubles de la mémoire et du repérage temporo-spatial, alors qu'il est fréquent que des pans entiers des faits puissent être l'objet d'une amnésie lacunaire due aux atteintes neurologiques (trous noirs), de plus des conduites d'évitements peuvent entraîner des amnésies psychogènes des évènements les plus pénibles. Une étude américaine a montré que 17 ans après des faits d'agressions sexuelles avérés chez des enfants, 38% présentaient une amnésie complète des violences (étude William 1994) et une autre étude montre 59% des victimes de viols et d'agressions sexuelles vont être amnésiques lors de période plus ou moins longues (étude Briere, 1993) de tout ou partie de l'agression. Les troubles temporo-spatiaux sont aussi fréquents, ils sont dus à la disjonction qui met hors service transitoirement l'hippocampe qui est nécessaire à l'analyse des données temporelles et spatiales, il peut donc y avoir des distorsions importantes dans l'espace et dans la chronologie des évènements, une grande difficultés à préciser l'heure exacte, voire la date. Ces distorsions sont malheureusement plus interprétés comme des incohérences et des mensonges qui dé-crédibilisent la parole de la victime alors que se sont des symptômes pathognomoniques (preuves médicales du traumatisme) qui, certes, rendent plus difficiles l'enquête et l'établissement de preuves, mais qui en aucun cas ne sont une preuve que la victime a menti.

 

Pas question d'avoir été totalement sous l'emprise de l'agresseur, manipulée, escroquée émotionnellement, dépendante de lui à la fois émotionnellement et financièrement. La stratégie de l'agresseur est rarement décryptée lors de l'enquête.

 

Pas question d'avoir eu son discernement altéré par la prise d'alcool et de drogues, alors qu'il s'agit dans la loi d'une circonstance aggravante pour l'agresseur, dans les faits cela va être reproché à la victime et considéré comme une mise en danger dont la victime est responsable.

 

Pas question d'avoir après le viol sombré dans des conduites dissociantes pour survivre au traumatisme, de boire, de se droguer, de se mettre en danger, d'avoir des conduites à risque, d'avoir eu de nombreux partenaires. Ces conduites dissociantes sont des tentatives d'auto-traitement pour s'anesthésier émotionnellement en créant un stress important qui permet de re-déclencher une disjonction de sauvegarde et d'éteindre la souffrance émotionnelle liée à la mémoire traumatique. Elles seront portées le plus souvent au discrédit de la victime. De même les états dissociatifs surtout quand ils sont associés à une mémoire traumatique prenant la forme d'hallucinations visuelles, auditives et cenesthésiques, peuvent être diagnostiqués comme des psychoses par des psychiatres non formés à la psychotraumatologie et faire l'objet d'hospitalisation en milieu psychiatrique et de mise sous traitement neuroleptique, ces diagnostics décrédibilisent fortement la parole des victimes.

 

Pour en savoir plus : page sur les violences sexuelles du site internet de l'association :http://memoiretraumatique.org/memoire-traumatique-et-violences/violences-sexuelles.html

article sur les violences faites aux femmes et aux filles : http://www.memoiretraumatique.org/assets/files/Documents-pdf/article-pour-Diploweb-septembre-2010.pdf

et article sur les conséquences des troubles psychotraumatiques et de leurs mécanismes neuro-biologiques sur la prise en charge médicale et judiciaire des victimes de viol: http://www.memoiretraumatique.org/assets/files/doc_violences_sex/cons_troubles_psychotrauma_sur_prise_en_charge_victimes_de_viols.pdf

Voici quelques exemples de dysfonctionnement graves pris dans le cadre des 122 patient-e-s victimes de viol que je suis en consultation en 2010 : http://stopauxviolences.blogspot.com/2011/04/bilan-2010-de-lactivite-de-consultation.html

Une adolescente de 15 ans violée par un ancien camarade de classe qu'elle revoit pour la première fois après plusieurs années (il avait fait le pari avec des amis qu'il arriverait à avoir des relations sexuelles avec une fille). Ses parents portent plainte pour viol, le garçon reconnaît qu'il lui a tenu les deux poignets et qu'elle a dit non, mais qu'elle était consentante ! L'enquête préliminaire aboutit à un non-lieu pour absence des faits (en raison principalement de la découverte sur l'ordinateur de conversations MSN entre elle et le garçon où ce dernier lui faisait des propositions crues et où elle essayait de s'en sortir en disant oui-oui et en déclinant tous les rendez-vous, quand elle l'a revu, c'était la première fois qu'elle prenait seule les transports, elle avait rendez-vous avec deux autres anciennes camarades de classe qui sont pas venues, comme cela faisait plus d'un mois qu'il ne lui avait plus fait de propositions sexuelles elle s'est dit quelle pouvait le revoir) et malgré le fait qu'il participait avec deux autres copains à un concours de celui qui coucherait avec le plus de filles, et que son ordinateur était plein de films et de photos pornos très hard et de vidéos de très jeune filles se deshabillant sur le net, mais tout ça est normal pour un jeune garçon, dixit les policiers. Les parents du garçon portent alors plainte pourdénonciation mensongère de crime imaginaire, la jeune adolescente se retrouve en garde à vue pour plusieurs heures et elle est isolé en cellule (malgré un certificat médical indiquant sa grande fragilité et d'importants troubles psycho-traumatiques, et malgré mon appel téléphonique au commissariat pendant la garde à vue). Les policiers lui disent qu'elle va rester en garde à vue plusieurs jours, qu'elle risque 10 ans de prison car c'est très grave ce qu'elle a fait, qu'elle est folle, schizophrène, ils font une pression psychologique très importante sur elle pour qu'elle avoue avoir menti, elle tiendra bon malgré des idées suicidaires. Elle développera ensuite des troubles psycho-traumatiques sur la garde à vue : cauchemars, angoisses, phobie d'être enfermée dans une pièce. Elle sera convoquée ensuite par le juge des enfants qui ne la mettra pas en examen et prononcera un non-lieu.

 

un enfant de 9 ans qui a subi une pénétration anale commise par son demi-frère de 17 ans alors qu'il était chez son père dont la plainte aboutie par un non-lieu justifié par :"la description des faits et son audition qu'il était demandeur d'actes sexuels tant par son frère que par des camarades de classe" et comme le frère est mineur il ne peut y avoir d'atteinte sexuelle. Chez un enfant qui présente de lourds symptômes psycho-traumatiques avec des cauchemars, un somnambulisme, des phobies d'impulsion majeures (peur de se jeter par la fenêtre, de se blesser avec des couteaux et des conduites d'évitement envahissantes s'y rapportant. Les troubles sexuels de type exhibition, masturbation compulsive ont cessé dès le début de la prise en charge spécialisée et dès que l'enfant a pu relier ses comportements à de fortes angoisses et à des images sexuelles qui envahissaient son psychisme (mémoire traumatique), de même pour les phobies.

 

Une adolescente de 14 ans violée en réunion à plusieurs reprises par des adultes ayant aurtorité : lors de sa déposition de plainte à la brigade des mineurs, des policiers pouffent de rire avec une stagiaire pendant qu'elle relate les faits et elle s'entend dire "vous êtes une fille libertine"(je précise qu'elle était vierge au moment du viol) alors qu'ils savaient qu'elle avait fait deux graves tentatives de suicide, qu'elle se scarifiait tellement profondément qu'il avait fallu la recoudre plusieurs fois aux urgences, elle a été très choquée et n'a pas pu dire ensuite une grande partie des faits. Les policiers lui ont demandé si elle aimait se faire sodomiser, et lui ont dit : "À ton avis une fille qui se fait violer est-ce qu'elle se débat vigoureusement ou mollement comme toi ?".L'enquête préliminaire a mis plus de 6 mois avant de démarrer. La même adolescente est prise en charge par le CMPP et une structure psychiatrique d'hospitalisation étude sans que l'on traite ses troubles psycho-traumatiques spécifiquement.

 

 

Une jeune fille de 18 ans violée avec menaces de mort (et avec arme) alors qu'elle rentrait de son travail le soir, à qui le policier lui demandera lors de sa déposition "si elle a mouillé pendant le viol ? si elle a eu du plaisir ?"(cette jeune fille musulmane n'avait jamais eu de rapports sexuels). D'autre part l'employeur refuse de lui délivrer une déclaration d'accident du travail.

 

Une jeune femme violée à son travail à qui l'officier de police qui prend sa plainte dit "si c'est comme ça que vous vous êtes défendue, alors je peux vous violer là tout de suite sur le bureau!"

 

 

Une jeune fille de 20 ans séquestrée et violée par un homme qu'elle avait rencontré dans un bar et qui l'avait invitée avec sa femme et son enfant de six mois à déjeuner, après le départ de la femme pour faire une course il essaie de la violer, elle se débat, il la frappe violemment, la menace avec un couteau et la viole devant un bébé de six mois, elle arrivera à s'échapper grâce à un subterfuges ensanglantée et les vêtements déchirés, il la poursuivra dans la rue, et aucun des passants et des automobilistes qu'elle appelle au secours sur un boulevard parisien très fréquenté ne lui portera secours, ni aucun des deux cafés où elle essaye de trouver refuge, elle s'enfuira en sautant dans un bus. Elle sera prise en charge par les pompiers dans le 93. Les policiers qui la recevront dans le commissariat, ne lui proposerons pas à boire, ne lui donneront pas de couverture (cela se passe en octobre), une femme policière fera son audition dans un lieu ouvert avec beaucoup de passages, quand elle s'écroulera en pleurs elle lui dira "ça va, je n'ai pas que ça à faire, cela fait maintenant plusieurs heures que cela s'est passé ! ". À la fin de sa déposition, alors qu'elle habite dans le 92 et qu'elle est dans le 93 et ses parents étant en province,les policiers la déposent à 7h du matin devant la station de RER sans argent avec juste un tee-shirt blanc transparent (sans soutien-gorge) donné par les UMJ. Ensuite elle aura un mal fou à avoir des nouvelles de son dossier et elle se fera même insultée au téléphone par un policier de l'accueil qui dira à la cantonade à ses collègues "Eh ! les gars, c'est la petite, elle est amoureuse de moi, elle veut mes coordonnées...." puis s'adressant à elle : "alors tu veux m'envoyer une lettre d'amour ?" Elle a raccroché en pleurs, et elle n'a jamais réussi à avoir de renseignements (et pour cause, le dossier était perdu, elle ne le saura que bien plus tard).

Lors de l'enquête judiciaire, l'agresseur l'ayant à plusieurs reprises menacée de mort si elle le dénonçait à la police, terrorisée elle demande à l'officier de police si l'agresseur aura accès à son dossier et à son adresse si ils le retrouvent, on lui dit que oui et quand elle demande si il est possible de cacher son adresse, on lui répond que non, la laissant dans un état de peur extrême (alors que c'est possible bien sûr).

Les enquêteurs mettront plus de 7 mois pour aller dans l'immeuble où elle a été séquestrée et violée. Ils nous donneront (je l'accompagnais) comme raison l'impossibilité d'entrer car il y avait un interphone !. Ils mettront en cause son témoignage en raison d'imprécisions sur le trajet qu'elle a fait en se sauvant, la soupçonnant ouvertement de trafic de drogue et de prostitution. Elle apprendra ensuite que son dossier avec les scellés (et des vêtements de l'agresseur qui aurait permis une recherche ADN) a été perdu, il n'est jamais arrivé à la police judiciaire. L'enquête aboutira à un non lieu qu'elle recevra le 24 décembre de l'année suivante.

 

 

 

Une jeune adolescente de 14 ans violée en réunion par quatre agresseurs à deux reprises en représailles parce qu'elle a osé porter plainte pour viol, se retrouve lors de l'enquête judiciaire à subir une confrontation avec les quatre agresseurs de 9h à 16h pendant laquelle ils vont l'injurier et la menacer de viols et de mort devant le juge d’instruction sans que celui-ci réagisse, de même en plein procès elle recevra une chaussure dans le visage sans réaction de la part de l’institution judiciaire…

Le juge pour enfants pour la protéger des menaces de mort et de viols, comme rien est fait pour re-loger la famille dans un autre département, la sépare de sa famille et la place dans un foyer qu’elle n’a pas quitté pendant 6 ans (alors que ce qu'elle aurait souhaité, et ce dont elle aurait eu besoin c'est de vivre avec sa famille dans un lieu sécurisé pour y être entourée et soutenue). Sa prise en charge médico-psychologique a été aussi gravement défaillante, en ce qu’elle s’est quasiment bornée à des traitements sédatifs prescrits par des psychiatres qui ne lui parlaient pas et n’analysaient pas avec elle ses symptômes psychotraumatiques. Elle a été hospitalisée contre son gré dans un service de psychiatrie après une tentative de suicide, isolée plusieurs mois, hyper-médicamentée, sans que les viols qu’elle avait subis ne soient abordés une seule fois (alors que les médecins étaient au courant des viols). Elle a tenté de se pendre lors de cette hospitalisation.

Depuis près de 6 ans est donc séparée de sa famille et vit dans un foyer. Elle y est encore victime de menaces de mort de la part d'un des agresseurs encore en prison pour lesquelles elle a tenté de porter plainte récemmentLes policiers n’ont accepté de prendre qu’une main-courante.

 

 

Une femme de 40 ans, seule avec deux enfants, est violée chez elle, un soir par un voisin. Alors qu'elle avait mis ses enfants au lit, et qu'elle commençait à somnoler, elle entend sonner à la porte, par un rapide regard à l’oeil de bœuf elle voit que c'est un voisin, le mari d’une amie. Confiante, elle ouvre. Une main plaquée sur sa bouche, l’autre sur son épaule, il la pousse dans le salon, l’allonge, et la viole. Les jours, les mois qui vont suivre, elle va être en état de confusion et de dissociation. En pilote automatique, elle accomplit les tâches quotidiennes, mais reste "comme anesthésiée à l’intérieur", elle sombre dans la dépression, développe une anorexie mentale, elle ne peut plus travailler, elle s'alcoolise, et fait des tentatives de suicide. Ce n'est que quand elle aura réussit à déménager, neuf mois plus tard qu'elle arrivera à réaliser qu'elle a été violée et qu'elle ira en se faisant violence porter plainte dans un commissariat. L’enregistrement de sa plainte se fera par une jeune agent de police totalement indifférente, concentrée sur un clavier qu’elle ne maîtrisait pas, et qui retenait toute son attention. Après trois d’heure d’audition son ultime question sera « êtes vous sure que ce n’est pas un remord du lendemain ? ». La confrontation avec l'agresseur se fera dans un bureau si étroit que leurs genoux se frôlaient.

L’instruction va durer trois ans, avec en tout et pour tous, deux confrontations. Aucun témoin ne sera entendu, c’est à elle de produire les attestations. Le Juge lui reprochera d’avoir attendu un an pour porter plainte et de ne pas me souvenir de la date exacte, sans tenir compte de ses troubles psychotraumatiques et de l'état de dissociation péri-traumatique.

La position de l’agresseur, elle n’est pas remise en cause : d'après lui, elle l’aurai attirée à son domicile sous un prétexte fallacieux, et contraint à avoir un rapport sexuel avec elle, en le menaçant de dire à sa femme qu’il avait eu une relation sexuelle avec elle. Alors contraint par ses 1m55 et ses 40 kg, il se soumet….Le Juge conclut tout naturellement au non lieu. Après l'annonce du non lieu, elle est tellement dépressive, anorexique et suicidaire qu'elle doit être hospitalisée plusieurs mois. Elle fait appel, et là les Conseillers de la chambre de l’instruction laissent entendre qu'elle a menti et qu'elle était en manque de sexe parce qu'elle était seule et qu'ensuite elle a cherché à ce que l'on s'occupe d'elle.

 



Dre Muriel Salmona, Psychiatre - Psychotraumatologue,drmsalmona@gmail.com

Responsable de l'Antenne 92 de l'Institut de Victimologie

Présidente de l'Association Mémoire Traumatique et Victimologie

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4 novembre 2010 4 04 /11 /novembre /2010 08:51

 

 

 

A cet instant dans le monde, des millions de personnes se battent, presque toujours avec des armes car ils n'ont pas le choix, pour arracher ou simplement défendre leurs libertés fondamentales

Ici, à très petite échelle, nous sommes quelques uns réunis pour accomplir un acte pouvant paraître dérisoire aux yeux de certains. En effet combien de fois n'avons-nous pas entendu nous répondre avec un rien d'ironie et une certaine condescendance parfois bienveillante mais le plus souvent méprisante: " Dépenser de l' énergie et du temps à faire "ça", quand on considère les grands problèmes du moment !..." Et bien pour nous , "ça", c'est un acte qui va largement au-delà de l' anecdote symbolique: poser cette plaque pour rappeler l' histoire oubliée sans se contenter de la simple mémoire, trop subjective, c'est contribuer, avec nos moyens et nos convictions, à défendre la liberté, la vraie, pas celle du "renard libre dans un poulailler (dit) libre", dans un contexte socio politique exécrable, qui n'est qu'autoritarisme, mépris et brutalité envers le peuple. C'est contribuer à défendre les principes républicains et démocratiques de plus en plus bafoués par un régime aux relents nauséabonds de pétainisme.

 

Les communards sont passés en ce lieu

Nous sommesici pour rappeler que des Communards sont passés en ce lieu avant d'aller au bagne, et ont construit ce puits.

Un puits! Symbole de vie et de connaissance. "…Le profond miroir sombre est au-dedans de l' homme. Là est le clair-obscur terrible…En nous penchant sur ce puits, nous y apercevons à une distance d'abîme, dans un cercle étroit, le monde immense." Victor Hugo; "la contemplation suprême".

Ces Communards qui durant quelques mois ont dû se battre à la fois contre l'agresseur étranger et la réaction interne la plus virulente et la plus brutale, tout en essayant d'imaginer et construire un monde meilleur. Les Versaillais ne s'y étaient pas trompés. Ils ont très vite perçu le danger d'un combat tentant d'abattre un système sécrétant par nature la misère , l'injustice sociale et la répression dont ils se nourrissaient.

Ces Communards qui ont su recréer l'espoir, redonner un sens à la vie et à la démocratie. Qui ont su en quelques mois trop courts, malgré des erreurs, imaginer et mettre en œuvre un projet de société démocratique et de justice sociale. Qui ont redonné un sens à la liberté de conscience et à la laïcité. N'ont - ils pas en effet décrété une nouvelle fois après les Révolutionnaires, la séparation des églises et de l' Etat, vite abolie après leur écrasement et leur assassinat?

 

Le sabre, le goupillon et le fric...

Sur cette île, annexée sans vergogne par la religion, notre présence aujourd'hui prend donc une autre dimension que celle dans laquelle on voudrait nous reléguer , dans ce contexte où le sabre, le goupillon et le fric plus que jamais arrogant, resserrent davantage leur liens.

Etre ici aujourd'hui est un acte de résistance et pourquoi pas de rébellion.

N'y a-t-il pas en effet suffisamment de raisons de se rebeller quand un Président d'une République laïque, ne sait plus quoi faire pour obtenir "ostensiblement" et institutionnellement l'onction papale! Au nom de tous les français bien sûr, alors que ceux-ci sont de plus en plus confrontés aux inégalités, aux injustices, à la pauvreté grandissante, voire la misère, aux "réformes" destructrices!

Le pouvoir essaie de faire croire à nouveau à la fable de la France "fille aînée de l' Eglise", en faisant oublier qu'elle est fille de la Raison!

 

Notre acte d' aujourd'hui, aussi dérisoire qu'il pourrait paraître par ailleurs, prend donc a contrario de plus en plus de sens et de pertinence. On peut se poser la question suivante: Qui ferait ce que nous faisons là où nous sommes ? Il faudrait des milliers d' actes similaires partout où le besoin se fait sentir, car la défense de la liberté et de la justice sociale mérite TOUT: petites et grandes actions, complémentaires.

 

Quand plus personne, nulle part, ne sera motivé ou aura la capacité de rappeler cela et d'organiser ce genre de cérémonie laïque, il sera déjà trop tard. A cette heure ce n'est pas interdit; mais jusqu'à quand ? Jusqu'à quand les esprits libres, les républicains et les citoyens en général, pourront-ils s'exprimer sans avoir à craindre de répression, en passant pour des personnes subversives voire dangereuses? Etre considéré comme subversif n'est pas un problème en soi; cela pourrait même être flatteur! Mais une chose autrement plus grave serait d'être considéré comme dangereux, lorsqu'il s'agit de l'organisation d'actions pacifiques et…pacifistes. L' humanisme deviendrait-il dangereux ?

Etre ici est aussi un acte de résistance: résistance à l'oppression idéologique, à l'injustice et à l'insécurité sociale, à l'autoritarisme.

 

La Libre Pensée, appuyée par d'autres associations amies (*), organisent depuis longtemps des cérémonies pour la réhabilitation des "fusillés pour l'exemple", dont beaucoup d'entre eux s'étaient révoltés contre l' absurdité atroce d'une guerre impérialiste dont le ressort était, par-dessus les tranchées sanglantes, la défense d'un système qui échappait totalement aux peuples. On ne peut donc s'empêcher de faire le lien entre ces deux combats pour la réhabilitation de celles et ceux qui ont œuvré pour entretenir la flamme de la Raison Humaine, de l' "Esprit des Lumières", dont on constate qu'elle vacille trop souvent sous le double souffle de l' oubli et de l'idéologie réactionnaire revancharde. Continuons donc plus que jamais, avec toutes les bonnes volontés, à l' entretien de l' humanisme éclairé.

Les Communards l'ont fait à leur manière dans une situation atroce. Suivons les pendant que nous le pouvons, sans nous soucier des condescendances quelconques et médiocres ni des "stigmatiseurs".

 

Sachons entretenir la flamme des héros de la liberté!

On sait bien rallumer la flamme du "Soldat Inconnu", sachons donc entretenir celle des héros de la liberté, tombés dans l'oubli, trop souvent volontaire!

Nos convictions et nos idées humanistes nous le permettent. Cultivons les et répandons les. L'actualité brûlante doit nous conforter dans ce combat.

Je rappelle l' article XXXV et dernier de la Déclaration des Droits de l' Homme de la Constitution de 1793 , portant en son fronton: " Unité et indivisibilité de la République":

"Quand le gouvernement viole les droits du Peuple, l'insurrection est, pour le Peuple et pour chaque portion du Peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs".

Nous remercions tous les camarades et amis présents ainsi que, et particulièrement, la municipalité représentée ici même par Mr le Maire, qui n'a pas hésité à nous épauler en concrétisant l'action d' aujourd'hui.

 

Vive la République! Liberté , Egalité, Fraternité, Laïcité.

 

Ile Madame; Port des Barques le 24/10/2010

Expression de la Libre-pensée

 

(*) dont la LDH, présente

 

 

 

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25 octobre 2010 1 25 /10 /octobre /2010 09:30
Un membre de la section propose de regarder cette video
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26 mars 2010 5 26 /03 /mars /2010 10:29
Dans le cadre de l'émission de Daniel Mermet "Là_bas si j'y suis" sur France Inter, le -Café repaire- ayant pour titre "La conférence de citoyen" s'est tenu le 19 mars dernier à 'La petite marche ' rue des Trois Fuseaux à La Rochelle.
Céline Guillaume, membre de la section rochelaise de la Ligue des droits de l'Homme y a participé.
Son témoignage :

INTRO
         Une quinzaine de personnes se sont rassemblées vendredi  19 mars dans le cadre des repaires de Mermet, de France Inter. Le thème de ce rendez-vous était «  la conférence de citoyens ».

Le début de la rencontre a débuté par le visionnage d’un documentaire. Celui-ci  traitait de la mise en place  d’une expérience de « conférence de citoyens »,  émergeant du conseil régional d’ile de France .  Cette expérience s’est déroulée en 2007.

 

CONTEXTE

Cela consiste à choisir un panel de citoyens, au hasard. ( par entretien dans la rue, par entretien téléphonique ou avec la « méthode » du porte à porte), le former sur un sujet précis afin qu’il puisse faire des recommandations au conseil régional  pour mettre en place des projets, ou actions sur des projets futurs concernant un sujet précis. Le sujet de ce documentaire est la nano-technologie. Cependant la réunion doit être dirigée vers le concept de la « conférence-citoyen » et non sur le sujet .

Pour revenir sur cette expérience, le panel fut composé d’ une quinzaine de personne tous volontaires  pour participer à cette expérience. Ce panel, de part sa diversité, en âge, catégorie socioprofessionnelle, culture, reflète la population d’ile de France.

 Suite à des comportements dubitatifs de certaines personnes du panel, il repositionne les choses en expliquant que dans les propositions que le panel va faire , toutes ne seront pas forcément retenues. Cependant, le vice président du conseil régional, souligne avoir 100 millions d’euros pour mettre en place des projets et souhaite faire participer les citoyens, au travers de cette démarche, à ces choix futurs.

 

DEMARCHE

 Afin  que le panel soit le plus objectif possible, il faut le sensibiliser  sur le sujet concerné. 

Ainsi, une fois le panel choisi, il est « formé » pendant trois week-end consécutifs sur le sujet concerné. Les formateurs, au nombre de 17, sont tous des spécialistes, biologistes, juristes, physiciens, anthropologue, biologiste et initient le panel sur le sujet

A la suite de ces trois week-end de travail, de formation, d’échanges, cinq thèmes seront  retenus par le groupe,  avec une rédaction précise des questions posées aux scientifiques, aux experts. Car , en effet, un débat conférence a lieu avec des experts choisis par le conseil régional mais également par le panel ( exemple le groupe a souhaité qu’une personne représentante de l’entreprise L’Oréal soit présente, et cette personne était présente). Ce débat est public, les média sont présents.

Ensuite le panel rédige des recommandations qui sont  soumises à un comité de pilotage très hétérogène : scientifiques et autres spécialistes.

Avec cette expérience nous pouvons parler de démocratie participative.

 

CONSTATS

Cette démarche à le mérite que des gens qui ne se seraient probablement jamais rencontrés, échangent, construisent ensemble, et apprennent sur des sujets qu’ils ne maîtrisent pas du tout. Les personnes constituant le panel ont des différences de niveau. D’ailleurs certains, au début, ont failli arrêter l’expérience, en ne pensant pas que la formation serait si dense, mais ils ont fini par tous rester jusqu’au bout.

Autre constat est que pour ce panel nous sortons de l’information classique des média . Ainsi, il est intéressant de voir, dans une société où les gens sont de pus en plus « endormis », et surtout où tout est fait pour les endormir, une expérience comme celle-ci : casser l’individualisme, échange, construction collective, rassemblement et connaissance diverses. Par exemple certains ne connaissaient pas la CNIL et surtout que  son budget est réduit de moitié. Le panel est donc également sensibilisé à l’importance de cette instance et prend conscience de l’importance de financer la CNIL.

 

DEBAT

Certaines personnes du groupe étaient très dubitatives sur deux points, que des décisions aussi importantes soient prises par seulement une quinzaine de personne, et le fait également qu’il s’agisse d’un leurre ,que tout est déjà décidé en amont.

La question du référendum est également abordée mais il est redit que pour un référendum les gens ne sont pas autant informés. De plus ce mode de « décisions » s’il y en a de trop, n’intéresse plus grand monde.

L’expérience réalisée  existe déjà au Canada et dans d’autres pays d’Europe.

D’autres personnes dans le débat trouvaient cette expérience très intéressante. J'en fais partie. De plus il ne s’agit pas d’une instance de décision mais de consultation où les gens finissent par faire des recommandations.

   Je pars du principe que toutes expériences où les gens sont informés, et que l’isolement est « cassé » sont de bonnes expériences.

   En ce qui me concerne, le savoir c’est le pouvoir, le pouvoir de dire non, le pouvoir d’argumenter et de se défendre.

 

DECISION

Il est décidé ce soir là, de soumettre au maire, au conseil général de mettre en place ce genre d’expérience en Charente-Maritime

 

                                                                                 C.Guillaume, le 23 Mars 2010

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