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20 janvier 2015 2 20 /01 /janvier /2015 23:57

Naturalisation de Lassana Bathily : ce n'est qu'un début ?

La Ligue des droits de l'Homme, invitée par le ministère de l'Intérieur, participera, en la personne de son secrétaire général Jacques Montacié, à la cérémonie de naturalisation de Lassana Bathily. Ce jeune Malien n'est pas un inconnu pour la LDH.

Depuis des années, Lassana Bathily est accompagné dans ses démarches par la section locale, conseillé par le service juridique, et suivi par son « parrain républicain », Denis Mercier, militant de la LDH Paris 19e. Depuis des années, la LDH agit auprès des pouvoirs publics pour changer radicalement une réglementation de l'immigration néfaste, dépassée, dangereuse, contraire aux droits de l'Homme mais couverte, en France, par un Ceseda qu'il faut d'urgence changer.

L'action courageuse de Lassana Bathily lui vaut une naturalisation accélérée. La LDH s'en réjouit et attend des pouvoirs publics une aussi grande diligence pour résoudre tant de situations dont le blocage reste insupportable.

Communiqué LDH Paris, le 20 janvier 2015

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Une réflexion d'Edwy Plenel (Mediapart) qui évoque cet homme aujourd'hui naturalisé français et s'interroge, nous interroge sur le fond. Libre expression - Extraits de sa Lettre à la France:

(…) Le vrai visage de la France est celui de celles et ceux qui sont morts en ces trois journées d’attentat à nos libertés. Trois jours de crime contre un journal, d’exécution de policiers, de meurtre contre des juifs. D’assassinat du droit de vivre, de penser et de s’exprimer en sécurité, dans la diversité de nos opinions et de nos origines, de nos convictions et de nos croyances. Chrétiens, juifs, musulmans, francs-maçons, athées, agnostiques, venus d’ici et d’ailleurs, ceux qui ont été tués par les trois terroristes sont l’image même de notre pays : divers et pluriel, multiculturel et multiconfessionnel, fait de proche et de lointain. Une nation nourrie de son incessant dialogue avec le monde où s’inventent ces identités tissées de relations, d’échanges et de partages qui fondent des causes communes. Dans l’épreuve, notre France a eu ce visage-là, sans frontières ni murs. [..).

L’humanité comme exigence commune, sans distinction d’origine, d’apparence et de croyance, dans le respect mutuel de nos héritages et appartenances. Signe du destin, celui qui, dans l’instant meurtrier, fut ce portrait véridique de la France, généreuse et courageuse, travailleuse et audacieuse, n’était pas français de nationalité avant de le devenir, depuis, par le miracle de son geste. Il s’agit de ce jeune sauveur d’otages de l’hypermarché casher, malien d’origine, musulman de foi, noir de peau, travailleur immigré, hier menacé d’expulsion, aujourd’hui citoyen de plein droit… Comme si le monde était soudain venu à notre secours.

Ce monde qui, depuis des siècles, fait la France, façonne son peuple, contribue à sa richesse. Un héros musulman, donc, et aussi deux musulmans, de culture ou de croyance, parmi les morts de Charlie Hebdo – un correcteur et un policier, deux gardiens en somme, l’un de la langue, l’autre de la paix. De la langue française, de la paix française. Si je le souligne, ce n’est évidemment pas pour les distinguer des autres victimes, mais pour simplement énoncer cette simple vérité : l’islam appartient à la France, comme l’a dit la chancelière Angela Merkel à propos de son pays, l’Allemagne, face aux manifestants racistes qui réclament une Europe sans musulmans, amputée d’un morceau d’elle-même, débarrassée d’une partie de son humanité (...).

Le piège qui nous est tendu

Celui des politiques de la peur qui, s’aveuglant aux causes pour frapper les effets, ne font qu’accroître les périls et les menaces.

Ce fut la dramatique faute nord-américaine après le 11 Septembre 2001 dont nous payons aujourd’hui le prix : non seulement l’emblématique discrédit moral d’une démocratie, portant atteinte à ses propres libertés et aux droits humains fondamentaux, au point de faire droit à la torture, mais surtout l’erreur stratégique de l’invasion de l’Irak qui a offert un terreau supplémentaire, celui de la décomposition meurtrière de ce pays et de ses institutions, aux idéologies totalitaires dont l’État islamique est désormais le drapeau.

C’est avoir le souci de la France, de sa sécurité et de son bien-être, que de nous mettre ainsi en garde. Face aux désordres nés des injustices et des misères, des ressentiments et des humiliations, les politiques sans hauteur se précipitent sur des raccourcis sécuritaires et autoritaires, empressées de proclamer qu’elles feront cesser le trouble, serait-ce au prix de nouvelles injustices. Elles sont de courte vue et de courte durée, ne solutionnant rien au fond et ne bâtissant que de provisoires protections derrière lesquelles, les mêmes causes produisant les mêmes effets, les adversaires de la démocratie et de la liberté trouveront de nouveaux arguments et de nouvelles recrues.

À l’inverse, les politiques responsables chercheront toujours l’injustice qui est cause du désordre. À l’identifier, à la penser, à la réduire, à la résoudre. Avoir le véritable souci de la sécurité de son peuple et, plus largement, de l’humanité, c’est agir ainsi, en profondeur, sur la durée. Prendre ce risque d’inviter à réfléchir au-delà de l’émotion et, par conséquent, à comprendre que cette violence totalitaire qui nous a frappés non seulement ne cessera pas mais s’aggravera si nous ne nous élevons pas à la hauteur du défi qu’elle nous lance : affronter les injustices, inégalités, misères et humiliations, qui l’ont produite, que ce soit à l’échelle du monde ou de notre pays.

Un monde qui accepte que les 1 % les plus riches détiennent bientôt plus de la moitié du patrimoine mondial court à sa perte, c’est-à-dire à cette violence sans fin, sans frontières et sans territoires, qui est la nouvelle figure de la guerre. Et les premiers à le savoir, car ils la subissent depuis si longtemps, ce sont les peuples du monde arabe, de culture majoritairement musulmane.

Des peuples si durablement confrontés à des pouvoirs prévaricateurs et corrompus, indifférents à la misère et à la pauvreté, n’offrant aucun horizon d’espérance à leur jeunesse et laissant ainsi libre champ à la terreur. Comment ne pas s’interroger sur notre responsabilité française dans cette impasse quand notre propre État se félicite, en 2014, d’une très forte augmentation de nos ventes d’armes qui fait du royaume religieux obscurantiste d’Arabie saoudite le premier client de la France ?

Mais le désespoir n’est pas qu’au lointain, et nous ne pouvons plus faire semblant de l’ignorer, détournant le regard au spectacle de la misère dans nos rues, sur nos trottoirs, ou faisant en sorte de ne jamais voir la pauvreté, reléguée dans ce qu’une vulgate officielle nomme des « quartiers » comme l’on dirait des réserves.

Faut-il que nous soyons devenus aveugles à nous-mêmes pour qu’il soit si difficile de regarder en face cette réalité : tout comme leurs deux prédécesseurs des crimes antisémites de Toulouse et de Bruxelles, les trois terroristes de ce sinistre mois de janvier 2015 sont les enfants de notre société, de notre nation, de notre République. Nés Français, ils ne sont pas venus d’ailleurs, mais d’ici.

Ces assassins sont de notre peuple.

Le rappeler, ce n’est en rien excuser leurs actes, mais tout simplement être républicain. Vraiment républicain. Pas de posture, mais d’exigence.

Républicain comme l’était Victor Hugo, prenant conscience de l’urgence de la question sociale, lors de son fameux discours de 1849 sur la misère : « Comment veut-on guérir le mal si l’on ne sonde pas les plaies ? » « Vous n’avez rien fait, lançait-il à l’assemblée conservatrice qu’il essayait d’ébranler, tant que l’esprit de révolution a pour auxiliaire la souffrance publique ! Vous n’avez rien fait, rien fait, tant que dans cette œuvre de destruction et de ténèbres, qui se continue souterrainement, l’homme méchant a pour collaborateur l’homme malheureux ! » Et de conclure : « Messieurs, songez-y, c’est l’anarchie qui ouvre les abîmes, mais c’est la misère qui les creuse »

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