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9 novembre 2012 5 09 /11 /novembre /2012 17:28

 

Président de la Ligue des droits de l'Homme, Pierre Tartakowsky – 7/11/2012

Etes-vous satisfait de l'adoption de ce texte en Conseil des ministres ?

- Je ne vais pas vous surprendre en disant que c'est une réaction plutôt positive. Nous avons toujours milité pour l'égalité des droits dans ce domaine. Elle est acquise dans son principe, même si nous sommes conscients qu'un certain nombre de problèmes restent posés, notamment soulevés par les associations de défense des homosexuels, comme la procréation médicalement assistée ou la filiation.

Enfin, j'aurais aimé autant de célérité sur le droit de vote des résidents étrangers, autant de fermeté sur le récépissé de contrôle d'identité. L'obstacle principal sur cette question, c'est l'absence de courage politique.

Alors le texte sur le mariage pour tous relève plus du consensus que du courage ?

- Il y a bien sûr un consensus social mais il faut aussi constater que la droite, entre les deux tours de l'élection présidentielle, a fait de la question du droit de vote des étrangers un marqueur politique. Or, elle n'a pas essayé de le faire sur le mariage homosexuel parce qu'elle se serait divisée sur cette question. Ses marges extrêmes auraient fonctionné, évidemment. Mais dans l'UMP, il y a à la fois la tendance Vanneste, qui est peu sympatique, et puis il y a beaucoup d'autres élus qui considèrent qu'il s'agit d'une modernisation de la société française, qu'on est sur le même terrain que le droit à l'avortement et qu'il ne faut pas en faire un fromage.

Mais aujourd'hui, c'est l'UMP dans son ensemble qui monte au créneau !

- Nous sommes en train d'assister au réveil d'un ordre moral qui est extrêmement préoccupant. On peut soutenir le mariage pour tous, on peut être contre, mais on ne peut pas supporter l'idée que ce serait les églises et la droite la plus réactionnaire alliée avec le Front national qui vont nous expliquer qui doit se marier avec qui.

Il y a une offensive qui prend relais des tentatives de censure sur un certain nombre de pièces de théâtre, d'affiches de cinéma, à laquelle il faut porter un coup d'arrêt. Sinon, nous risquons de régresser vers une société qui s'assumera pleinement, de manière désinhibée comme le dit un mot à la mode, comme une société patriarcale autoritaire. Ce ne serait vraiment pas bon pour le pays.

Comment percevez-vous les interventions dans le débat des représentants religieux ?

- Les religions sont parfaitement légitimes. Toutes ont le droit d'avoir une opinion sur la question. Mais d'un point de vue de débat républicain, et d'un point de vue de laïcité, cette laïcité dont on nous rebat les oreilles depuis un certain temps à tout propos et souvent à mauvais propos, il faut mettre en garde. On ne peut pas laisser se construire un prima d'hégémonie sur les questions des libertés individuelles par les églises.

Mais là, les religions interviennent sur la question du mariage civil.

- On est là sur une tentative de faire bouger les lignes du rapport de forces entre spirituel et laïque. Il y a une tentation d'intervention – que l'Eglise catholique assume parfaitement – sur le champ social, de la régulation sociale, qui n'est pas admissible. Je le répète, ce n'est pas aux églises de dire qui doit se marier avec qui. Si telle église refuse de donner sa bénédiction à tel couple, c'est son problème. Ca ne concerne que les croyants, on n'est pas dans l'organisation de la société des citoyens.

Pensez-vous que le texte peut encore évoluer ?

- Oui, par définition, le processus est fait pour ça : il y aura des amendements. Mais des avancées décisives, ça, je ne crois pas, même si je ne suis pas sous la table du Conseil des ministres. Au-delà d'une stratégie politique agressive et assumée des forces de droite, il faut aussi être conscient qu'on touche à des domaines qui peuvent facilement éveiller soit des craintes, soit des interrogations légitimes. Ce n'est pas pour rien qu'on parle de bioéthique. La France, de ce point de vue, a plutôt été pionnière en termes de bonnes pratiques intellectuelles dans l'articulation entre la loi et la réflexion plus éthique. Il faut continuer dans cette direction. Le projet de loi libère un espace pour ça : il fait reculer des tabous, il fait reculer des clichés.

 

 

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